La balance du stress : une image pour prévenir l’épuisement parental (le burn out commence là où le stress s’arrête)
La balance du stress est un outil utile pour comprendre et prévenir l’épuisement, y compris l’épuisement parental.
Certains facteurs de stress sont inhérents à la parentalité
Dans son livre La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel, Violaine Guéritault écrit que le burn out (ou épuisement) s’arrête là où le stress commence. Le burnout parental touche principalement les femmes car ce sont elles qui assument encore la plupart des tâches domestiques et parentales.
Cette phase d’épuisement est atteinte par le corps suite à une exposition à un état de stress continu, qui perdure dans le temps et qui finit par user toutes nos réserves d’énergie. Nous nous sentons alors submergées, dépassées par les événements et la capacité de notre corps à répondre efficacement à cette menace est très sérieusement compromise. Nous sommes à bout de nos forces physiques et émotionnelles. – Violaine Guéritault
Violaine Guéritault rappelle que les facteurs de stress présents dans la vie familiale et domestique remplissent les conditions nécessaires pour devenir potentiellement nocifs, du fait de leur rythme soutenu et de leur durée (des années).
Certains facteurs de stress sont inhérents à la parentalité, et en particulier à la maternité :
- manque de sommeil,
- pleurs et cris,
- responsabilités ménagères/ financières/ affectives,
- charge mentale/ charge émotionnelle,
- demandes et sollicitations multiples et simultanées,
- problèmes scolaires éventuels,
- maladies saisonnières ou chroniques (voire handicap),
- crises émotionnelles intenses des jeunes enfants,
- complexité de certaines décisions parentales (voire désaccords complets sur la manière d’élever les enfants)…
Quand la fatigue continuelle et le stress liés à l’éducation des enfants sont associés à l’absence de reconnaissance et de soutien émotionnel (de la part du conjoint, des autres membres de la famille, des amis et plus généralement de l’entourage et de la société), la mère perd ses forces et son énergie.
Violaine Guéritault regrette également que le mythe de la mère parfaite soit encore si prégnant, dans le sens où dire que la maternité est difficile n’est pas souvent mis en avant, ou alors sur le mode de l’humour (ou alors vite remis en perspective par un : “Mais quand même, c’est du bonheur !”). Ce mythe sur la maternité non seulement met la pression aux mères mais les empêchent également de se confier en tout confiance et en toute vulnérabilité sur leurs doutes et leur souffrance.
L’épuisement parental est insidieux.
L’épuisement parental commence par un épuisement physique, émotionnel et psychologique et il ne touche que le domaine familial (pas tous les pans de la vie comme c’est le cas dans la dépression). Toutefois, la dépression est l’une des conséquences plus fréquentes du burn out parental en général, et maternel en particulier, car la mère ne voit pas le bout du stress. L’épuisement parental est insidieux, dans le sens où c’est l’accumulation de plusieurs stress modérés mais chroniques qui finit par faire pencher la balance du côté de l’épuisement. Ces “petits”stress exigent beaucoup d’adaptabilité et d’énergie tant physique que mentale, d’autant plus qu’on ne sait pas quand ils vont s’arrêter (ex : bébé qui ne dort pas).
La balance du stress : un outil utile pour comprendre et prévenir l’épuisement
Un outil forcément personnel et à adapter à chaque situation de vie
Une manière utile de considérer le stress pour éviter de tomber dans l’épuisement est d’imaginer une balance : d’un coté de la balance, il y a les ressources apaisantes, qui “rechargent”; de l’autre côté de la balance, il y a les facteurs de stress, certains sont liés à l’environnement de vie, d’autres à la personnalité du parent, d’autres encore au fait même d’être parent. Une balance du stress est forcément personnelle car les ressources qui rechargent ne sont pas les mêmes pour tous, de même que les stresseurs et le niveau de stressabilité dépend des conditions de vie et de l’histoire de la personne. Il peut être intéressant de réaliser sa propre balance du stress afin de savoir où on en est, en gardant en tête que le burn out commence là où le stress s’arrête (dans le sens où la balance penche fortement et longtemps du côté du stress). Non seulement, cet outil permet de visualiser et prendre conscience de notre situation à un instant T mais il permet aussi de réfléchir à la manière d’équilibrer la balance (quels facteurs de stress peuvent être retirés en fonction des possibilités personnelles ? quelles ressources peuvent être ajoutées ?).
Ce travail doit être fait sur mesure car les facteurs de stress et leur importance varient en fonction des valeurs, des besoins et des aspirations de chacun.
- Quels sont les essentiels sur lesquels JE ne peux pas/ ne veux pas transiger ?
- Sur quoi M’est-il possible de lâcher prise ?
- Quelles sont les choses que J’estime délégables ?
- Comment passer à l’action ?
- Quelles sont les ressources que je peux actionner pour ME recharger et prendre soin de moi ?
Ne pas négliger le soin communautaire dans les ressources de la balance du stress
Lorsqu’on a trouvé l’origine du stresseur, on peut trouver des solutions efficaces pour affronter la situation sans la fuir ou trouver des moyens de l’éviter. C’est en faisant cela qu’on pourra diminuer la production d’hormones de stress à long terme dans l’organisme (plutôt qu’en cherchant à ne plus penser à rien ou à se relaxer à tout prix quitte à se mettre la pression pour se détendre). Par ailleurs, la prise de conscience du mécanisme du burnout ouvre l’acceptation d’une aide sous une forme ou un autre. Le soin communautaire est indispensable :
- le conjoint doit assumer son rôle de soutien et de protection (les pères n’aident pas les mères, ils sont autant parents qu’elles),
- le groupe a un devoir d’aide (famille, amis, voisins),
- pendant la grossesse, il peut être utile de préparer un Mois d’Or (lire : Répondre aux besoins du bébé, une priorité : et quand c’est difficile ?),
- échanger et partager avec d’autres parents (virtuellement sur des groupes privés ou en réel lors de sessions d’entraide comme proposés par la PMI ou bien par l’association Maman Blues dans toute la France).
L’incitation à “prendre soin de soi” ne doit pas se substituer à la nécessité de ce soin communautaire qui a une dimension résolument politique. De plus, dans le cas où le lever matinal est presque insurmontable, où le moindre acte du quotidien semble pomper le peu d’énergie restant, où la gestion du quotidien devient presque indifférente, il est utile de s’adresser vers un professionnel de santé.
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Pour aller plus loin : La fatigue émotionnelle et physique des mères : Le burn-out maternel de Violaine Guéritault (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou en ecommerce.
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