Parentalité positive ou maternité positive ?

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Dans son livre Daronne & féministe – Grossesse, post-partum, charge mentale, Fabienne Lacoude regrette que le terme “parentalité” soit la plupart du temps synonyme de “maternité”. Officiellement, les politiques familiales et les ressources autour de la parentalité s’adressent aux parents, pères et mères, mais, dans la pratique, ces politiques et ressources ciblent presque exclusivement les mères. En effet, ce sont elles qui consultent les livres, les émissions et les podcasts qui traient d’éducation, et elles sont plus exposées aux messages de santé publique car ce sont elles qui assurent la plupart des RDV médicaux ou paramédicaux. Certes, il existe des livres destinés aux pères et des politiques familiales ciblent les pères. Rappelons toutefois que les quelques mesures qui visent l’investissement des hommes dans la sphère domestique sont récentes, et qu’elles ont des limites dans la pratique (moins de 1 % des pères prennent un congé parental à temps plein). De plus, ces politiques qui permettraient aux pères de concilier vie pro/ vie perso manquent d’ambition (par exemple, le congé second parent est de vingt-huit jours dont seulement sept sont obligatoires).

La parentalité positive ne doit pas devenir un fardeau supplémentaire pour les femmes.

Prendre en compte le ratio charge mentale/ bénéfice dans les décisions éducatives 

Fabienne Lacoude constate que les mères sont plus exposées que les pères à des recommandations contradictoires, si bien que les conseils du type « Fais comme tu le sens. » ou bien « Suis ton instinct. » sont tout simplement inefficaces sur les cerveaux embrouillés des mères. De plus, les conseils en matière d’éducation viennent alourdir la charge des femmes. En plus de la charge mentale, émotionnelle et du travail domestique, la charge éducative consiste à concevoir un projet éducatif, à lire des livres sur la psychologie de l’enfant, à cuisiner des produits frais et bios, à limiter l’impact du mode de vie sur la planète, à prendre soin de la santé mentale et émotionnelle de tous les membres du foyer… Il semble indispensable de prendre la fatigue physique ou psychique des mères au sérieux et la parentalité positive (ou maternité positive ?) ne doit pas devenir un fardeau, encore moins un facteur d’épuisement maternel.

Si une information ou une idée vous parle en matière de parentalité, alors vous pouvez vous poser une question : est-ce que, dans la balance de la parentalité, le ratio charge mentale/ bénéfice est suffisant et penche en faveur d’un changement ? Si non, personne ne doit vous faire culpabiliser de passer votre chemin. Si oui, vous pouvez adopter ce conseil… et, à terme, vous donner le droit de l’amender ou de l’abandonner si cela se révèle trop prenant, insatisfaisant.

On pourrait, plutôt que de couper les cheveux en quatre, se demander pourquoi un parent se retrouve seul au supermarché avec son enfant (situation à haut risque de crise), on pourrait questionner l’existence même du supermarché (lieu à haut risque de frustration, temple du capitalisme, rayon « Yaourts » beaucoup trop fourni). On pourrait aussi accepter, tout simplement, que tous les parents ont connu, connaissent et connaîtront des crises dans les lieux publics. Est-ce que c’est agréable ? Non. Est-ce qu’on préférerait s’en passer ? C’est sûr. Est-ce que c’est grave ? Je ne crois pas. Est-ce qu’il faut tout expliquer par les neurosciences ? Pitié, non ! C’est. La. Vie. Personnellement, mon idéal est celui d’un monde où les enfants ont le droit de faire des crises et où on ne regarde plus leurs parents comme des dégénérés laxistes lorsqu’ils baissent les bras ou comme des monstres s’ils s’énervent. – Fabienne Lacoude

Personne n’est supposé élever un enfant juste à deux, encore moins seul. 

Il est important de constituer autour de soi un réseau de parents prêts à dépanner en cas de coup dur. Fabienne Lacoude souligne que, paradoxalement, les parents solos sont parfois moins isolés parce qu’ils osent aller chercher du soutien partout où ils peuvent en trouver. En tant que mère célibataire au quotidien, je fais également ce constat : pour nous, c’est une question de survie que de se donner des coups de main mutuels et de déléguer. Cela suppose par exemple d’oser demander à des parents d’élèves de l’école ou dans le cadre des activités extrascolaires, quand la famille est loin ou ne peut pas être un soutien pour une raison ou une autre.

Fabienne Lacoude conseille même de faire régulièrement le tri dans les groupes privés sur Facebook et les comptes ou blogs qui mettent mal à l’aise sur les réseaux sociaux et génèrent une impression d’incompétence parentale.

Pour aller plus loin : Les pères “n’aident pas” les mères, ils sont autant parents que les mères.

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Source : Daronne & féministe – Grossesse, post-partum, charge mentale… quand la maternité rend féministe ! de Fabienne Lacoude (éditions Solar). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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