Le triangle du respect en famille : comprendre les mécanismes de l’irrespect

Triangle du respect

Dans son livre Grosses colères et petits drames, Florence Renaux aborde l’irrespect des enfants en s’appuyant sur le concept de triangle du respect. Selon elle, le respect se situe au centre de ce triangle dont les trois pointes sont liées :

1.Je me respecte

2.Je respecte mon enfant

3.Mon enfant me respecte

1. Je me respecte

Selon Florence Renaux, la notion de respect commence par soi : se respecter, c’est s’accepter tel qu’on est et prendre ses sensations, ses émotions, ses besoins et ses limites personnelles au sérieux.

Vous respecter c’est prendre soin de vous, de vos limites, de votre corps en écoutant les messages qu’il vous envoie. Par exemple prendre le temps d’aller courir quand vous êtes énervé(e). Vous respecter, c’est aussi prendre soin de vos besoins, de votre espace, de votre temps. – Florence Renaux

Florence Renaux estime que, quand on se respecte, on ne se culpabilise pas. Au contraire, en faisant ce qui est bon pour soi, on se responsabilise. Nos sensations corporelles, nos émotions en lien avec nos besoins constituent la boussole qui indique le chemin du “bon pour soi”.

Le respect pour soi-même passe par l’amour de soi et la valeur que l’on se donne à soi.

Si vous vous dites que vous avez de la valeur, que vous êtes quelqu’un de bien, que vous faites du mieux que vous pouvez, vous vous respecterez. Si vous acceptez votre corps, vous aurez de l’estime pour lui et vous aurez envie de le respecter.

Il est donc important de se respecter soi-même pour respecter les autres et être respecté des autres. Un parent qui dit oui à ses enfants pour leur faire plaisir alors qu’il n’en a pas envie, par peur du conflit ou par peur de ne plus être aimé, ne se respecte pas dans le sens où il ne prend pas soin de ses propres besoins.

Prendre soin de nos besoins de parents, c’est s’affirmer pour nos besoins et non pas contre l’enfant :

  • est-ce que nous avons envie de faire cela ?
  • est-ce que nous en avons l’énergie ?
  • se forcer maintenant à faire cela ne risque-t-il pas de provoquer des conflits plus tard à cause d’une fatigue plus intense, d’une impression de non reconnaissance des efforts faits ?
  • est-ce envisageable de trouver une solution commune pour satisfaire les besoins de chacun ?

En parallèle, l’empathie et la compréhension des émotions et besoins qui sous tendent le comportement de l’enfant permet de désamorcer les conflits.

Florence Renaux propose deux questions pour explorer notre rapport au respect de nous-même. Les réponses à ces questions sont l’occasion d’en apprendre plus sur nous et sur notre relation avec nos enfants :

  • De quelle façon est-ce que je m’aime ? Par exemple : « Je m’aime quand je prends du temps pour moi, en écoutant mes besoins. J’écoute de la musique gaie pour être de bonne humeur, je fais un sport que j’aime pour me défouler, de la méditation pour être serein(e), je m’entoure de gens que j’aime. »
  • Comment est-ce que je parle de moi ? Je me dis quoi sur moi, sur qui je suis, sur ce que je fais, sur mon corps ?

2. Je respecte mon enfant

Selon Florence Renaux, une fois qu’on se respecte soi-même, la notion de respect peut se déplacer sur l’autre. Elle rappelle que le principe valable pour soi est valable pour les enfants : respecter un enfant, c’est l’accepter tel qu’il est et non tel qu’on aimerait qu’il soit (plus mince, plus rapide, moins sensible, meilleur en classe, amateur de musique classique ou de visites au musée…).

Respecter un enfant, c’est prendre soin de son corps dans le respect de ses limites personnelles (respect de ses “non”), c’est écouter ses émotions sans les censurer ou vouloir les faire cesser; c’est aussi prendre soin de ses besoins, de son espace, de son temps et respecter son intimité et des affaires personnelles (ne pas entrer dans la chambre sans frapper, ne pas lire le journal intime, respecter la manière dont l’enfant dépense son argent de poche…). Par exemple s’il est énervé, fatigué, lui demander de quoi il aurait besoin pour être mieux et se ressourcer.

De même, respect rime avec responsabilité (quand on respecte un enfant, on ne le culpabilise pas, on le responsabilise). On raisonne alors en termes de réparations plutôt que de punitions. Un exemple classique est celui d’un enfant qui casse un verre : il suffit de lui indiquer où se trouve la pelle et la balayette pour qu’il puisse ramasser les débris, sans exaspération ni méchanceté, juste dans une optique de responsabilité et de réparation.

Si vous lui dites qu’il a de la valeur, qu’il est quelqu’un de bien, qu’il fait du mieux qu’il peut, vous le respecterez. Il sentira qu’il a de la valeur à vos yeux et il se sentira respecté et respectera aussi son corps.- Florence Renaux

Là aussi, des questions simples peuvent donner matière à reconsidérer le respect dont nous faisons preuve envers nos enfants :

  • De quelle façon est-ce que j’aime mon enfant ? Par exemple : « Je l’aime quand je prends du temps pour être avec lui. En écoutant ses besoins, et en le guidant pour qu’il prenne soin de ses besoins et qu’il fasse ce qui est bon pour lui. »
  • Comment est-ce que je parle de lui ? Je me dis quoi sur lui, sur qui il est, sur ce qu’il fait, sur son corps ? Par exemple : « Pour moi, mon enfant a de la valeur. Il a un trésor en lui. Il a un potentiel énorme. Il est intelligent, il aime les gens et il est marrant. »

3. Mon enfant me respecte

Florence Renaux estime qu’un enfant qui en arrive à manquer de respect le fait parce qu’il ne se sent ni entendu ni respecté. On pourrait ajouter qu’il reproduit ce qu’il a vu ou entendu et qu’un tel enfant a besoin qu’on lui enseigne des compétences émotionnelles et relationnelles pour faire autrement (via des comportements à copier et de la confiance plutôt que des punitions ou critiques).

L’enfant vous respecte quand il vous accepte tel que vous êtes et non tel qu’il aimerait que vous soyez. Il respecte vos limites, votre espace, votre temps parce qu’il a compris le cadre bienveillant nécessaire à toute la famille. S’il vous respecte, il n’utilisera pas la culpabilité, le chantage ou la peur. – Florence Renaux

Florence Renaux propose deux questions pour explorer le rapport au respect des enfants :

  • Demandez à votre enfant de quelle façon il vous aime ? Par exemple : « Moi j’aime quand tu passes du temps avec moi, quand on fait des choses ensemble et qu’on parle de tout. »
  • Comment est-ce qu’il parle de vous ? Il se dit quoi sur vous, sur qui vous êtes, sur ce que vous faites ?

Le respect agit comme un boomerang : le respect dont on témoigne envers soi et envers les autres revient à soi sous la forme de respect de la part des autres. Un enfant respecte les adultes pour lesquels il a de l’estime, qui ont une valeur pour lui dans le cadre d’une relation de confiance réciproque.

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Source : Grosses colères et petits drames (Parents au top) de Florence Renaux (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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