L’influence de l’attachement sur les relations et la résistance au stress
Il est admis que toutes les expériences d’attachement vécues depuis la naissance forgent peu à peu un style d’attachement qui s’inscrit progressivement dans le fonctionnement de la personnalité.
4 styles d’attachement à l’âge adulte
Dans leur ouvrage Psychothérapie de l’attachement, Christine Genet et Estelle Wallon présentent les quatre styles d’attachement à l’âge adulte :
- Sécure : modèle de soi positif, modèle des autres positif
- Détaché : modèle de soi positif, modèle des autres négatif
- Préoccupé : modèle de soi négatif, modèle des autres positif
- Craintif : modèle de soi négatif, modèle des autres négatif
Le créateur de la théorie de l’attachement, John Bowlby (1969), a établi que l’attachement est un système génétiquement programmé, avec une base biologique, qui assure la protection du bébé parce que son autonomie n’est pas suffisante pour assurer ses besoins indispensable à la survie. La réponse à la menace et au stress est au cœur de la théorie de l’attachement.
Comprendre le système d’attachement chez les humains
Quand le système d’attachement est activé par une menace ou un besoin insatisfait, le bébé signale son besoin impérieux de protection en réclamant la proximité de ses parents par des comportements d’attachement. Ces comportements visent à attirer l’attention des parents, pour les rapprocher (régulation de la proximité), et à obtenir une réponse satisfaisante à son besoin d’attachement (régulation émotionnelle). Ces comportements d’attachement évoluent en fonction de l’âge de l’enfant : comportement de succion, agrippement, poursuite oculaire, petits cris, se tourner vers ses parents, pleurer, crier, vocaliser, gazouiller, sourire, dire « maman ».
C’est à travers les soins quotidiens qu’ils prodiguent au bébé que les parents deviennent les figures d’attachement de l’enfant. Selon les expériences vécues réellement pendant sa petite enfance, un humain se construit une vision du monde et de la relation d’aide qu’il va progressivement intérioriser sous forme de représentations des relations humaines. Quand les parents répondent avec bienveillance et attention aux besoins d’attachement des enfants, ceux-ci développent un attachement sécure; quand les réactions des parents sont inadaptées (parents moins proches, moins accessibles, moins sensibles, moins attentifs), l’enfant peut en venir à développer des stratégies dites insécures (dans une optique d’adaptation et de survie).
Apprendre à gérer la peur, la colère et la tristesse et apprécier le sentiment de sécurité, le plaisir, moduler les émotions négatives et positives font partie des fonctions de l’attachement. – Christine Genet et Estelle Wallon
Genet et Wallon écrivent que la plupart des études établissent une répartition d’environ 60 % de personnes sécures et 40 % de personnes insécures dans la population générale.
Connaître son style de l’attachement à l’âge adulte : pour quel bénéfice ?
Il existe un lien entre style d’attachement et santé mentale.
Il peut être utile d’identifier son propre style d’attachement, afin de gagner en qualité de vie (communication, relation aux autres, couples, gestion émotionnelle, résistance au stress, meilleure santé physique et mentale) mais également, en tant que professionnel de la santé ou de l’éducation afin de mieux accompagner les autres (en identifiant ce que nous projetons sur eux, les comportements qui génèrent de l’agacement chez nous et comment mieux apprivoiser nos émotions).
De plus, Bowlby affirmant dès 1951 qu’il existe un lien entre attachement et santé mentale. La plupart des études ont démontré une surreprésentation des attachements insécures dans les populations cliniques.
Attention, toutefois : les stratégies activées en cas de détresse par des personnes ayant un attachement sécure peuvent constituer un facteur de protection face aux difficultés de la vie mais ne sont pas pour autant synonymes d’invincibilité. De même, les stratégies insécures peuvent être un facteur de vulnérabilité, mais parfois elles peuvent aider à s’adapter à des milieux défavorables grâce à un détachement émotionnel ou des stratégies d’attaque (Howe, 2011).
Un parallèle entre les styles d’attachement des enfants et les styles d’attachement des adultes
Christine Genet et Estelle Wallon établissent un parallèle entre le style d’attachement des enfants et le style d’attachement des adultes :
- un enfant à l’attachement sécure devient un adulte à l’attachement sécure/ autonome
L’enfant sécure est autonome, il explore facilement l’environnement, il est capable d’attirer l’attention d’autrui et d’exprimer ses besoins. Les stratégies d’attachement sont activées de manière appropriée (en cas de menace). Les enfants à l’attachement sécure représente environ 60% de la population générale.
- un enfant à l’attachement insécure ambivalent/ résistant devient un adulte à l’attachement préoccupé
L’enfant à l’attachement insécure ambivalent/ résistant exprime ses besoins d’attachement de façon bruyante. Il peut se montrer à la fois demandeur de réconfort et agressif, difficile à satisfaire. Ses stratégies d’attachement sont trop activées (environ 10 % dans la population générale).
- un enfant à l’attachement insécure évitant devient un adulte à l’attachement détaché
L’enfant insécure évitant présente une pseudo-indépendance, il explore facilement l’environnement mais il exprime peu ses affects et peu ou pas ses besoins. Ses stratégies d’attachement sont peu activées (environ 20 % dans la population générale).
- un enfant à l’attachement insécure désorganisé/ désorienté devient un adulte à l’attachement désorganisé (état d’esprit non résolu)
L’enfant à l’attachement insécure désorganisé/ désorienté a un comportement chaotique et instable. L’enfant perd le lien avec ses émotions et sa vie affective. Les spécialistes de l’attachement parle de “une peur sans solution”. Il n’a pas de stratégie d’attachement repérable.
Toutefois, ces passages ne sont pas automatiques car d’autres facteurs entrent en jeu dans la formation du style d’attachement à l’âge adulte (entretenir une relation de couple satisfaisante, devenir parent, avoir un travail valorisant, entreprendre une psychothérapie, se révolter contre les maltraitances passées, vieillir, s’apaiser, et vivre tout événement qui permet de prendre de la distance par rapport aux expériences passées et de favoriser la résilience).
L’influence du style d’attachement dans différents domaines de la vie
J’ai résumé dans ce tableau les différents styles d’attachement et la manière dont ils influencent la vie dans de nombreux domaines : la réaction face au stress, à la perte, la représentation de la relation d’aide, le développement de l’empathie, les relations de couple, la parentalité, le vieillissement, la santé physique et mentale, l’adaptabilité et l’insertion sociale.
Au format PDF : les styles attachement adulte
Christine Genet et Estelle Wallon estiment que l’attachement sécure constitue un facteur de résilience face à l’adversité, de même que les attachements insécures travaillés sous l’influence d’expériences agréables de couple ou d’amitié. De plus, l’attachement sécure acquis (“earned secure”) à l’âge adulte, appris au fil des expériences positives correctrices (notamment au cours de rencontres positives, en particulier un couple solide où les deux partenaires acceptent de cheminer en conscience ou d’un travail en psychothérapie), est comparable à l’attachement sécure développé dans l’enfance, avec toutefois une vulnérabilité à la dépression (Bifulco et Thomas, 2013).
On comprend alors toute l’importance des relations de qualité (amis, famille, conjoint) et du travail sur soi en conscience, avec l’appui d’un entourage lucide et de professionnels si nécessaire.
…………………………………………………………………
Source : Psychothérapie de l’attachement de Christine Genet et Estelle Wallon (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur les sites de ecommerce.
Commander Psychothérapie de l’attachement sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac