La maternité n’est pas (que) un don de soi heureux et exaltant

La maternité n'est pas (que) un don de soi heureux et exaltant

La dépression post-partum est insidieuse et les mères qui en souffrent peuvent avoir beaucoup de mal à mettre des mots sur leur mal-être profond. Dans son livre  Maman blues : du bonheur et de la difficulté de devenir mère, Fabienne Sardas estime que l’arrivée d’un enfant est un événement de vie à fort potentiel de dépression.

Dans cet ouvrage, l’autrice rappelle que la maternité n’est pas un concept uniforme et que les mères (et les nouvelles mères encore plus) gagneraient à ne plus recevoir le message social selon lequel la maternité est un don de soi heureux et exaltant. La maternité est aussi “ambivalente, anxiogène, incertaine, fébrile, sidérante”. C’est l’écart entre l’image valorisée socialement de ce qu’est une bonne mère et l’ambivalence que peuvent ressentir les mères qui fait le lit de la dépression.

Il ne s’agit pas non plus de dire que la maternité ne peut pas être source de joie mais de reconnaître que, chez certaines mères et même chez les mères qui prennent plaisir dans leur rôle, le maternage peut être vécu comme pesant et fastidieux.

Le don de soi un effort inhabituel qui n’est pas à la portée de toutes. – Fabienne Sardas

Dans les heures et jours suivant l’accouchement : du respect pour les besoins de la mère et de l’enfant

Du repos et du calme en priorité !

Il est utile de rappeler que, dans les heurs et jours suivant l’accouchement, le manque de sommeil et la fatigue des nouvelles mères est important. Quand la fatigue des jeunes mères n’est pas reconnue à sa juste mesure et que des mesures ne sont pas prises pour permettre le repos et le calme, elle peut être un terreau fertile pour des problèmes ultérieurs (difficulté à s’occuper du bébé et à créer des liens affectifs pouvant aller jusqu’à la dépression).

Il est important de ne pas considérer comme allant de soi les visites à l’hôpital et au domicile de la famille et des amis qui se réjouissent de venir souhaiter la bienvenue au nouveau-né. La mère et le bébé ont besoin de temps et d’intimité pour s’apprivoiser, se connaître et s’adapter.

Il est possible de garder en tête quelques idées pour des visites aidantes de la part de la famille ou des amis qui viennent rencontrer le nouveau-né :

  • dire quand les visites sont possibles (et oser dire non en cas de fatigue ou de besoin de se refermer sur le cocon familial);
  • formuler explicitement la manière dont une aide peut être apportée comme par exemple :
    • en apportant un repas tout fait,
    • en faisant des courses selon une liste fournie par les jeunes parents,
    • en lançant une machine de linge,
    • en débarrassant le lave vaisselle,
    • en passant un coup d’aspirateur,
    • en sortant les aînés…

Ce type de demandes permettra de profiter des visites tout en préservant le lien parent/ bébé et en se préservant (surtout en tant que jeune mère).

L’instinct maternel n’existe pas.

A partir du moment où on parle d’instinct, on parle forcément d’inné. A l’inverse, quand on parle plutôt de programmation (sous-entendue culturelle par le biais de la socialisation), alors c’est dire qu’il existe une manière de socialiser les filles (et les garçons) pour que les femmes soient vues comme la personne “naturellement” responsables des soins à apporter aux enfants. Dans cette optique, la notion d’instinct, de naturel devient une construction sociale : c’est la responsabilité des mères aux yeux des autres que de s’occuper de l’enfant, de se lever la nuit, de le consoler, de le nourrir.

La confiance peut prendre plus ou moins de temps à s’installer et cette confiance ne doit ni être brusquée ni être interrompue ou parasitée par des visites non souhaitées, des conseils non sollicités ou des impositions d’horaires rigides.

Les compétences parentales doivent toujours être ajustées, soutenues avec bienveillance. Ainsi, parler à l’enfant, le manipuler avec soin, le baigner, l’habiller, entrer en interaction avec lui, calmer ses pleurs peut prendre un certain temps. Il m’arrive fréquemment face à des mères qui ont peur de mal faire, de leur rappeler que les gestes de la toilette et du soin au bébé ne sont pas des gestes qui mettent la vie de leur enfant en danger. – Fabienne Sardas

La vraie question est celle de la souffrance des femmes devenues mères induite par la socialisation des filles comme des personnes par nature douces, aimantes et dont la fonction première est de donner la vie. Quand une femme devient mère, la frontière est mince entre responsabilité (donner le bain, se lever la nuit, ranger, cuisiner, écouter les émotions de chaque membre de la famille, planifier, faire faire les devoirs, aimer…) et culpabilité (de ne pas réussir à être à la hauteur du modèle, de ne pas aimer suffisamment l’enfant, de ne pas aimer être mère…).

Pour aller plus loin : Le rôle des pères auprès des femmes qui viennent d’accoucher : confiance, soutien et protection

……………………………………….

Source : Maman blues : du bonheur et de la difficulté de devenir mère de Fabienne Sardas (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

Commander Maman blues : du bonheur et de la difficulté de devenir mère sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac