Nos enfants sont le reflet de ce que nous acceptons en nous et de ce que nous n’acceptons pas de nous.

Nos enfants sont le reflet de ce que nous acceptons en nous et de ce que nous n’acceptons pas de nous.

Nos émotions disproportionnées parlent toujours de nous, pas de nos enfants

Dans son livre Grosses colères et petits drames, Florence Renaux rappelle que les défauts que nous voyons chez nos enfants nous agacent parce qu’ils renvoient ce que nous ne supportons pas chez nous. Par exemple, un père exaspéré par son fils qu’il qualifie de “fainéant et lent” peut être touché parce que lui même ne s’autorise pas à prendre le temps de ne rien faire. Il semble que ce que ce père reproche à son fils est une part de lui-même qu’il aimerait changer, qui le fait souffrir. Le père s’épuise à courir partout, à faire toujours plus de choses toujours plus vite. Il ne s’autorise pas ce que son fils s’autorise (aller à son rythme, se reposer, être inactif, prendre le temps de vivre) par peur d’être traité de fainéant, d’incompétent, de ne plus exister aux yeux des autres et de ne plus être aimé. La réaction du père est plus à mettre en lien avec ses propres croyances et schémas de pensée qu’avec la personnalité de l’enfant.

Florence Renaux nous invite à nous poser une question pour démêler nos émotions démesurées : pourquoi est-ce que cela me dérange autant et pas l’autre parent ? Les émotions disproportionnées parlent toujours de nous, de nos valeurs, de nos peurs, de notre histoire.

Votre enfant, qui vous énerve dans son attitude, agit comme vous le feriez si vous vous laissiez aller. Que veut-il vous dire à travers son comportement ? Il est là pour vous aider en vous interrogeant : « À quoi cela sert de ne faire que travailler, la tête dans le guidon, si c’est pour passer à côté de la vie, de nous, sans même nous voir. » Son dysfonctionnement sera à la hauteur du vôtre et parfois dans les extrêmes. Vos enfants sont précieux, prenez en soin. – Florence Renaux

Quand l’amour devient conditionnel

On comprend alors que les enfants sont nos miroirs : quand ils renvoient les qualités et les valeurs importantes à nos yeux, alors nous leur montrons notre fierté. A l’inverse, quand les comportements des enfants vont à l’encontre de ce que nous valorisons, alors nous éprouvons une immense colère, de la déception et nous pouvons être amenés à les critiquer. C’est ce qu’on appelle de l‘amour conditionnel car les manifestations d’amour sont conditionnées à l’approbation des parents.

Lamour (et les preuves d’amour) sont accordés en fonction de la capacité de l’enfant à demeurer dans les limites étroites fixées pour lui par ses parents (exemples : avoir des bonnes notes à l’école, pratiquer tel ou tel sport, suivre des études de médecine ou d’avocat, aller en prépa ou au Conservatoire, obéir sans avoir de volonté propre, ne jamais réclamer quelque chose car “cela ne se fait pas”…).

Quand l’enfant se comporte bien (selon les critères du parent) ou qu’il réussit quelque chose valorisé dans le système de pensée des parents, alors il reçoit des câlins, des sourires, des gestes affectueux et des compliments. Mais quand il ne fait pas ce que le parent veut, ce dernier lui retire son amour.

L’importance d’avoir conscience de nos déclencheurs émotionnels personnels en tant que parents

On comprend bien alors l’importance d’avoir conscience de nos déclencheurs émotionnels personnels. Un déclencheur émotionnel (ex : une maladresse d’un enfant, un retard du conjoint…) agit sur un “bouton” interne différent en fonction de nos histoires personnelles, de nos croyances, des influences de la société dans laquelle nous vivons…

On peut comparer ce mécanisme à une montagne sous le brouillard ou à un iceberg :

  • la partie émergée (le sommet de la montagne ou de l’iceberg) est l’événement extérieur, le déclencheur;
  • la partie immergée (cachée sous le brouillard ou sous l’eau) est le bouton interne, principalement inconscient (en lien avec la personnalité, l’histoire personnelle -> voir la thérapie des schémas précoces d’adaptation pour comprendre comment se mettent en places les croyances sur soi et le monde ).

La plupart d’entre nous n’est même pas consciente de l’existence de ce monde interne (puisqu’il est par définition inconscient)… jusqu’à ce qu’il soit déclenché par un stimulus de l’environnement externe. Les problèmes interviennent justement quand les gens ne se rendent pas compte qu’ils portent des lunettes. Cela conduit à des conflits insolubles parce que chacun pense qu’il a raison et que l’autre a nécessairement tort.

Ce type de raisonnement “j’ai raison, les autres ont forcément tort” empêche d’aller creuser les émotions, les besoins, les aspirations profondes qui motivent nos actions.

Cette pensée rigide conduit souvent à la colère, voire à la violence, car elles activent un besoin de défense : “je ne peux pas avoir tort; si j’ai tort, cela signifie que tout ce que j’ai cru jusqu’à maintenant était faux et donc que ma personnalité, mes repères, mon identité sont faux”.

La nature humaine est ainsi fait que, quand nous sentons notre dignité en danger, nous réagissons par la colère afin de défendre nos limites personnelles.

Quand nous sentons que notre bouton interne est activé, nous pouvons nous poser ces quatre questions :

  1. qu’est-ce qui est activé en moi ? qu’est-ce qui est touché ?
  2. de quoi ai-je peur ?
  3. qu’y a-t-il sous ma peur (en référence à l’image de la montagne ou de l’iceberg) ?
  4. quelle partie de moi est vulnérable et a besoin d’être pansée ?

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Source : Grosses colères et petits drames de Florence Renaux (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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