Être un parent assertif : dire non sans culpabiliser et sans porter atteinte à la dignité de l’enfant
Assertivité et autorité
Dans son livre Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents, Álvaro Bilbao rappelle que l’assertivité requiert de l’honnêteté et une bonne connaissance de soi. Le neuropsychologue écrit que, lorsque nous racontons un petit mensonge à l’enfant, on lui apprend qu’il faut cacher certaines choses, qu’il ne doit pas avoir confiance en son jugement et que les non-dits sont préférables aux paroles explicites. Álvaro Bilbao définit les parents assertifs comme des adultes qui ne racontent pas de petits mensonges, mais qui expriment leurs opinions et leurs décisions comme elles les ressentent. Un adulte assertif parle en JE : il utilise des expressions comme « je veux », « j’ai envie de », « je ressens », « je pense », « je ne veux pas » ou « je n’ai pas envie de ». Ainsi, un parent assertif ne délègue pas son autorité à des tierces personnes mais prend en charge ses besoins et valeurs. Plutôt que dire “La dame ne veut pas que les enfants courent dans le magasin”, un parent assertif parle de lui-même, de ses limites personnelles et de ses attentes : “Je ne veux pas que tu coures. Merci de marcher.”.
Relation respectueuse et mensonge sont incompatibles
Álvaro Bilbao reproduit le témoignage d’un père qui avait réussi à faire en sorte que son enfant de 4 ans ne joue plus avec la tablette ni le smartphone. Il lui avait dit qu’Internet était en panne et que ni le téléphone ni la tablette ne fonctionnaient. Mentir aux enfants ne devraient jamais être une excuse pour se dérober à une crise. En tant que parents, nous devons pouvoir être capables de dire les choses telles que nous les pensons sans avoir peur de la réaction des enfants. Nous sommes capables d’accueillir la colère et la tristesse des enfants car, précisément, nous sommes adultes. Il en va de même quand un adulte dit à un enfant qu’il n’y a plus de gâteaux (alors qu’il reste un paquet) pour qu’il n’en mange plus. Nous devons nous sentir suffisamment forts et confiants pour dire que nous ne voulons pas que l’enfant mange plus de gâteaux si c’est le cas (et éventuellement pourquoi). Cela peut être le début de la conversation : peut-être que l’enfant aura des arguments valables pour faire changer ses parents d’avis, peut-être que le parent n’est pas d’humeur ou n’a pas l’énergie pour écouter l’enfant mais il peut formuler son humeur en ne faisant pas porter la responsabilité de son stress ou de son agressivité aux enfants. Par ailleurs, l’adulte doit savoir que la colère est l’émotion normale face à la frustration. Un enfant en colère se remet précisément de sa frustration et cette colère n’est pas un signe d’une mauvaise éducation ou d’un mauvais caractère.
Pour aller plus loin : La colère et la tristesse sont des émotions normales pour se remettre d’une frustration (et il est inutile de mettre plus de limites aux enfants)
Il est clair qu’affronter ouvertement le désir de l’enfant en lui disant : « Je ne veux pas que tu manges de bonbons » est un peu plus difficile que de le convaincre par la ruse. Il est probable que, les premières fois, l’enfant se mette en colère et fasse une crise – surtout s’il n’est pas habitué à ce que vous lui fixiez des limites claires –, cependant si vous agissez de manière assertive avec l’enfant, sans fausseté ni petits mensonges, vous remporterez deux victoires d’une valeur inestimable. En premier lieu, l’enfant apprendra de vous à s’affirmer. En second lieu, ce qui est peut-être plus important encore, vous aurez gagné à jamais le respect de votre enfant. – Álvaro Bilbao
Être assertif, ce n’est pas manquer de respect
Álvaro Bilbao estime que les personnes peu assertives réagissent souvent avec agressivité, par peur (de se sentir bafouées) ou par résignation (elles ne sont pas sûres de ce qu’elles peuvent ou ne peuvent pas demander).
Álvaro Bilbao nous invite à connaître nos droits (“nos” concernant les humains de tout âge), afin d’ apprendre à être un parent assertif (ni effacé ni agressif).
- Droit d’être traité avec respect et dignité
- Droit d’avoir et d’exprimer ses sentiments et opinions
- Droit de juger de ses besoins, d’établir ses priorités et de prendre ses propres décisions
- Droit de dire “non” sans culpabilité
- Droit de demander ce qu’on veut
- Droit de changer
- Droit de décider du sort de ses biens et de son corps, tant que cela ne porte pas atteinte aux droits d’autrui
- Droit à l’erreur
- Droit de réussir
- Droit de se reposer et de s’isoler
- Droit de ne pas être assertif
On peut se montrer assertif ET respectueux des droits humains (tant les siens en tant qu’adultes que ceux des enfants et adolescents). Tous les membres de la famille devraient se sentir autorisés à s’exprimer au sein du foyer, les adultes autant que les enfants. Un enfant a le droit de dire ce qu’il pense, surtout s’il y a quelque chose qui ne lui plaît pas ou qui le dérange.
Aucun membre de la famille ne devrait utiliser le mensonge dans la famille, et ce sont les adultes qui portent la responsabilité de la qualité des relations familiales. Souvent, les enfants mentent parce qu’ils ont peur de la réaction des adultes (humiliation, punition, violence physique, retrait de privilèges..), parce qu’ils craignent un discours moralisateur ou qu’ils ont “appris” à mentir en observant les adultes autour de lui (un adulte qui ment en prétendant qu’il a oublié de faire quelque chose alors qu’il n’en avait juste pas envie enseigne déjà le mensonge car les enfants sont de grands imitateurs). On comprend alors que la discipline répressive, dure et punitive peut engendrer du mensonge parce qu’elle génère de la peur et de la honte chez l’enfant qui va chercher à se protéger plutôt qu’à chercher du réconfort auprès des adultes en cas de problème ou bien à trouver des solutions pour réparer la situation.
Lire aussi : La parentalité respectueuse, est-ce ne jamais dire non ?
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Inspiration : Le Cerveau de l’enfant expliqué aux parents de Álvaro Bilbao (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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