Quand les parents se disputent sur les questions d’éducation : se mettre d’accord sur les buts et les aspirations

Mettre au jour ce qui est précieux pour chacun des parents

Il arrive fréquemment que deux parents soient en désaccord sur des questions d’éducation. Ces désaccords ne sont en rien anormaux, mais peuvent dégrader la qualité des relations quand ils s’enlisent du fait des rigidités de part et d’autre. Dans son ouvrage Du désir au plaisir de changer, Françoise Kourilsky propose d’élever les conflits à un niveau d’ordre supérieur, “celui des buts et des aspirations“. En effet, les positions et comportements de chacun des partenaires sont cohérents par rapport à leurs visions respectives, en lien avec des valeurs élevées et des objectifs de vie. Chacun estime sa vision légitime et meilleure au service de la vie. Plutôt que chercher qui a tort et qui a raison ou de savoir qui a commencé, il est plus utile de chercher l’intention positive de chacune des prises de position, c’est-à-dire ce qui est précieux pour chacun des deux parents. Cette intention positive est liée à des besoins profonds et inspirants qui donnent de l’élan aux individus et du sens à leur vie. Nous nous sentons solides quand nous sommes en lien avec ces besoins car il nous indiquent que nos actes et nos valeurs nobles sont alignés.

Des questions-clés à se poser ensemble

Ainsi, deux parents en désaccord au sujet de l’éducation des enfants peuvent réfléchir sur la finalité de leur relation, en tant que parents mais aussi en tant que partenaires conjugaux, à l’aide de questions-clés :

Qu’est-ce que nos enfants attendent de nous ?
Qu’est-ce que nous attendons de nos enfants ?
Qu’est-ce que nous attendons, nous-mêmes, de nos rôles respectifs de père et de mère ?
Quelles sont les conséquences négatives de la situation actuelle ? Pour chacun des parents ? Pour les enfants ?
De quoi nous privons-nous, ce faisant ?
Quelles actions rendraient les relations familiales plus satisfaisantes ? Entre parents ? Entre parents et enfants ?
Qu’est-ce qu’on pourrait faire de nouveau et de différent dès demain ?

Les réponses à ces questions feront émerger des aspirations partagées et des buts communs, à partir desquelles il devient possible d’envisager de nouvelles règles de fonctionnement familial. Cette réflexion ne peut aboutir que si les deux parents se mettent d’accord au préalable sur leur souci commun de donner le meilleur aux enfants et que leur conflit est simplement le signe de leur inquiétude à ce sujet. Chacun doit pouvoir dire ce dont il a besoin de la part de l’autre pour assumer son rôle de père ou de mère, même si les approches diffèrent : cela peut être de la confiance, de la complicité, du soutien, du respect de la part du partenaire.

Briser le cercle vicieux de l’attaque et de la défense dans le couple

Avoir la volonté de faire preuve de souplesse relationnelle

Il peut arriver qu’un parent soit si soucieux de l’éducation des enfants qu’il en vient à critiquer l’autre. Dès lors, un cercle vicieux se met en place : le parent critiqué, blessé et impuissant, va moins s’occuper des enfants. Non seulement les enfants sont en quelque sorte privés d’un de leur parent, mais celui qui critique va se retrouver submergé par l’ampleur de la tâche à assumer seul, regrettant le manque d’implication de l’autre. Les conflits vont redoubler car le premier parent va interpréter la démission de l’autre comme un signe d’irresponsabilité ou d’indifférence; tandis que le second parent va se résigner, peut-être jusqu’à fuir le foyer.

Pour briser ce cercle vicieux, le ou la partenaire à l’origine de l’initiative pourrait dire par exemple à l’autre : « Je sais qu’on a en commun la volonté que nos enfants trouvent leur place dans la société, on doit pouvoir trouver des manières de faire qui nous ressemblent et qui nous rassemblent. / Je me demande si tes méthodes ne sont pas plus efficaces que les miennes. Tu peux me montrer comment tu t’y prendrais pour que les enfants rangent leurs chambres ? »

Témoigner de la confiance à l’autre parent, malgré les désaccords

Les deux partenaires doivent avoir la volonté d’identifier les jeux de pouvoir dans leur couple et de les arrêter aussitôt qu’ils apparaissent. Prendre soin du couple, c’est aussi du soutien à la parentalité. Cela peut passer par des approches témoignant à l’autre de la confiance et du respect pour sa vision du monde :

Proposer des alternatives, sans les imposer ni chercher à prendre le conjoint en faute : « Quand tu sens que tu vas craquer, tu peux compter sur moi pour prendre le relais. On est une équipe et je t’aime. »
Être prêt à laisser de la marge à l’autre parent, sans le reprendre ou plaindre les enfants. La qualité des relations dans le couple influence le bien-être des enfants.
S’accorder de l’auto-empathie. En cas de désaccords avec le conjoint au sujet de l’éducation, nous pouvons être traversés par des émotions douloureuses : de la peur pour les enfants, de la tristesse de voir le lien conjugal se distendre, de la colère de voir les valeurs bafouées. Nous pouvons nous rappeler que notre propre cheminement a été long et parsemé d’embûches.
Affirmer nos valeurs, sans violence : « Dans notre famille, on ne tape pas, ça veut dire que les enfants ne tapent pas les adultes et que les adultes ne tapent pas les enfants. »
Proposer une tentative de reconnexion après une maladresse : « Je voulais dire ça plus gentiment. On peut se donner une deuxième chance ? »
Intégrer de l’humour et du rire dans le quotidien (rire de notre propre obstination, de nos propres colères, de nos petites manies). Attention toutefois à rire avec l’autre, non pas de l’autre.

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Pour aller plus loin : Du désir au plaisir de changer : le coaching du changement de Françoise Kourilsky (éditions Dunod). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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