Quand une personne souffre, elle ne peut pas entendre les conseils (valable pour les enfants comme pour les adultes)

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Solliciter des conseils, c’est appeler à l’aide

Quand une personne se sent mal au point de venir chercher des conseils, c’est un appel à l’aide mais les conseils donnés sans empathie préalable risquent de n’être ni compris ni acceptés.

Venir demander des conseils peut être une stratégie que trouve une personne qui souffre pour trouver de l’empathie, de la reconnaissance. Avec les lunettes de la Communication NonViolente, on dirait que demander des conseils est une stratégie mais que le besoin fondamental à ce moment-là est en réalité de l’empathie.

Une personne, adulte ou enfant, qui a du mal à accepter et suivre les conseils n’en a pas les moyens (par exemple : elle va contre argumenter ou trouver des excuses). Il y a une “bonne” raison derrière ce type de réaction, dans le sens où la motivation de ce comportement repose sur des explications même si ces explications nous semblent irrationnelles de l’extérieur.

L’empathie : le besoin sous-jacent

La personne a d’abord besoin que sa souffrance soit reconnue, vue, entendue, qu’elle se sente rejointe et comprise là où elle est avec ses émotions difficiles; pour se sentir acceptée avec ce qui la traverse, dans toute sa souffrance et son vécu.

Quand cette personne reçoit de l’empathie et que ses émotions difficiles, mitigées, contradictoires parfois, sont reconnues, elle peut alors se détendre réellement. Donner de l’empathie passe par des mots du type : “C’est super dur ce que tu vis en ce moment, tu te sens perdu/ C’est douloureux et tu te sens tiraillée”.

Non seulement la personne sera connectée à ses émotions profondes et pourra faire émerger ses propres solutions sur mesure, mais elle sera également plus ouverte à entendre les conseils donnés. La différence est que les conseils viennent après l’empathie et que la personne qui les donne accepte qu’ils soient rejetés.

Lire aussi : Un enfant qui se plaint préfère souvent l’empathie à des solutions/ conseils de la part de ses parents

 

Quand une personne qui souffre ne sollicite pas de conseils

Une simple déclaration n’appelle pas des conseils

Quand une personne, qu’elle soit enfant ou adulte, partage quelque chose d’important pour elle avec d’autres (son/ sa partenaire, ses parents, ses amis…), cela ne signifie pas qu’elle vient chercher des conseils.

Par exemple, un enfant qui dit “je m’ennuie” n’a pas forcément besoin qu’on lui propose des activités pour l’occuper mais avant tout que ce qu’il vit soit vu et reconnu. Accorder de l’empathie, c’est dire à l’autre que son vécu est légitime par un autre être humain.

“Oh, tu t’ennuies ? C’est vrai qu’on peut trouver le temps long quand il pleut toute la journée./ Je vois à quel point tu t’ennuies.” signifie que, moi en tant que parent, j’accueille ce que vit mon enfant, que je ne le nie pas, je reconnais qu’il est en train de vivre cela.

Si une personne a besoin de conseils, elle va en demander mais une simple déclaration du type “J’en ai marre” ou “C’est injuste” n’appelle pas de conseils, mais une reconnaissance que cela existe.

Donner de l’empathie ne veut pas dire qu’on donne raison à l’autre ou qu’on est d’accord, cela signifie simplement : “OK, tu le vis comme ça”.

Une fois que l’empathie a été donnée, il est possible de poser la question pour savoir si l’autre est prêt à recevoir des conseils (par exemple, “est-ce que si je te dis ça, ça pourrait t’aider ?” ou “est-ce que tu serais d’accord pour entendre mon conseil ?”).

Quand on a du mal à donner de l’empathie

Comme nous sommes peu familiers du langage de l’empathie, on peut avoir du mal à juste dire “oui” à ce qu’on voit et entend. On va avoir tendance à rassurer d’emblée, minimiser la souffrance exprimée, ou encore à donner des conseils pour faire éteindre les émotions difficiles.

Quand nous nous rendons compte que nous avons du mal à donner de l’empathie à une personne qui souffre, nous pouvons regarder nos comportements avec curiosité plutôt qu’avec jugement (ex : ça me fait ça, je passe par ces émotions, là je me sens comme ci, ce qui se passe en moi là tout de suite, c’est…, j’en suis à 4/10 de ma colère).

A partir du moment où on met de la conscience sur nos émotions, on devient capable de prendre de la distance. On n’est plus notre agacement ou notre impuissance mais on vit de l’agacement ou de l’impuissance dans le moment. Cette manière de dire oui à ce qui se passe en soi crée un espace à l’intérieur de soi qui va permettre d’agir autrement.

Pour aller plus loin : L’auto empathie : descendre en soi avant de pouvoir s’élever