Post-partum : le manque d’informations au sujet des séquelles physiques et psychologiques est nocif pour les jeunes mères

post partum informations séquelles physiques et psychologiques

Dans son livre Ceci est notre post-partum, Illana Weizman dénonce les non dits qui entourent la période du post-partum. Elle estime que cette phase que traversent les femmes qui viennent d’accoucher est une “boîte noire” et que le manque d’informations au sujet des séquelles physiques et psychologiques liées à la naissance d’un bébé est nocif pour les mères qui se retrouvent “inquiètes et désemparées” face à des difficultés qu’elles n’avaient pas anticipées. 

Le plus difficile est d’être dans le flou et de ne pas savoir que ce qu’on vit est normal ni combien de temps cela va durer. Illana Weizman regrette que la plupart des femmes enceintes ne savent pas qu’elles saigneront pendant des semaines (et de façon parfois très abondante) et que les contractions de l’utérus perdureront après l’accouchement. Même si ces symptômes ne touchent pas toutes les femmes avec la même intensité et que chaque corps est différent, se préparer à cette éventualité permet d’aborder le post-partum plus sereinement.

Il n’y a rien de plus effrayant que de vivre une expérience douloureuse et transformatrice tout en ignorant ses manifestations. […] Qu’est-ce qui est alors le plus effrayant ? Savoir avant d’accoucher que des douleurs et des gênes vont s’installer et dans quelle mesure ? Ou bien l’apprendre sur le tas et se sentir sale, anormale, ou, pire, être persuadée que quelque chose de grave pour sa santé se produit ?  – Illana Weizman

Les symptômes physiques du post-partum

Illana Weizman liste les symptômes physiques les plus courants que connaissent les femmes lors de la période du post-partum :

  • les lochies (écoulement de sang qui peut être excessif et prolongé et qui implique le port de couches de protection ou de serviettes épaisses)
  • les tranchées (contractions utérines violentes et douloureuses qui aident l’utérus à retrouver sa place et sa taille d’avant la grossesse)
  • les hémorroïdes
  • la montée de lait qui peut engendrer des douleurs (seins rouges, durs) pouvant aller jusqu’à l’infection sous forme de mastite quand le lait n’est pas expulsé
  • l’inconfort périnéal (pesanteur dans le bas ventre)
  • l’incontinence urinaire (fuites)
  • les douleurs liées à l’épisiotomie ou à la césarienne
  • un état de fatigue extrême
  • des maux de dos

Les symptômes psychologiques du post-partum

On parle couramment du “baby blues” pour désigner le bouleversement hormonal dans les jours suivant l’accouchement mais ce terme ne reflète pas l’intensité de la déstabilisation émotionnelle qui touchent de nombreuses mères.

La dépression post partum touche entre 10% et 20% des nouvelles mères. Illana Weizman parle d’un “véritable problème de santé publique” car cette forme de dépression est souvent vécue dans la honte et la solitude par les nouvelles mères.

Les signes qui peuvent alerter sur la présence d’une dépression post partum ressemblent à :

  • des mouvements dépressifs : le discours de la jeune mère est envahi de tristesse avec une dévalorisation d’elle-même et de la culpabilité;
  • des angoisses diffuses;
  • des troubles du sommeil persistants;
  • une inquiétude grandissante face aux responsabilités à assumer;
  • des crises de larmes;
  • une impossibilité à ressentir de la joie depuis l’arrivée de l’enfant et des regrets.

Pour aller plus loin : [Jeunes mères] Fatigue intense, anxiété, idées noires, regrets : et si c’était une dépression post partum ?

Ainsi, Illana Weizman milite pour que cette réalité du post-partum qu’on cherche à masquer soit énoncée. Elle parle d’une “société maltraitante” incapable d’offrir une réponse empathique et un accompagnement adapté face aux peines physiques et psychologiques qui touchent les femmes en post-partum. Les femmes qui viennent d’accoucher ont besoin qu’on s’occupe d’elles, autant que de leur bébé. Il est important de permettre aux femmes d’exprimer leur mal-être et de changer les représentations culturelles autour de la maternité qui ne serait “que du bonheur”. La bonne santé du bébé ne devrait pas être un prétexte pour mettre sous le tapis les souffrance de la mère.

(Re)définir la période du post-partum

Définir le post-partum comme la simple période des six semaines suivant l’accouchement, c’est le réduire aux symptômes physiques alors qu’il serait bénéfique et nécessaire pour les jeunes mères de mettre l’accent aussi sur les conséquences psychologiques. En effet, l’adaptation psychologique et sociale des nouvelles mères se fait sur le long terme (des mois et même parfois des années). Certains chercheurs estiment qu’il faudrait dans l’idéal douze mois de récupération postnatale au niveau physique et émotionnel en raison des changements physiques, hormonaux et de la mutation identitaire qu’une naissance provoque.

Illana Weizman propose de définir le post-partum par les six mois suivant l’accouchement, avec deux phases distinctes :

  • de la naissance aux 40 jours suivants : un post-partum à haut risque qui mérite un suivi pluridisciplinaire des femmes ayant accouché (incluant une rééducation physique mais aussi un suivi psychologique et de l’aide domestique);
  • des 40 jours aux 6 mois suivant l’accouchement : un suivi en fonction des besoins des mères avec un point de contact facile vers tous les professionnels de la santé.

Il n’y a rien de plus effrayant que de vivre cette expérience transformatrice qui caractérise le post-partum sans y avoir été préparée et de se résigner à s’auto censurer pour coller à la représentation sociale de la mère épanouie et folle de joie. Nous avons besoin de battre en brèche les mythes qui entourent la maternité, de proposer des représentations sociales plus proches de la réalité. C’est important pour les mères, pour les bébés, mais aussi pour l’entourage (notamment les pères) qui sont incapables d’être des soutiens solides s’ils ignorent la réalité du post-partum.

…………………..
Source : Ceci est notre post-partum : défaire les mythes et les tabous pour s’émanciper de Illana Weizman (éditions Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

Commander Ceci est notre post-partum sur Amazon, sur Decitre, sur Cultura ou sur la Fnac