Prendre soin de soi ET des autres pour des interactions humaines intègres : pourquoi ? comment ?
Il est nécessaire de s’occuper de soi quand nous vivons des moments difficiles, chargés de tension, d’incertitude. Nous avons tous besoin de signes de reconnaissance positifs, qui peuvent être physiques (embrassades, baisers…), verbaux (compliments sur notre apparence, notre intelligence, notre gentillesse, notre intégrité, notre goût…) et des actes de reconnaissance (prêter attention, aider ,montrer de l’empathie ou de l’affection…).
Certaines personnes sont capables de préserver une compassion fondamentale envers elles-mêmes malgré les reproches de leurs pairs et de leur propre petite voix interne critique. En Analyse Transactionnelle, on parle de Parent Nourricier pour désigner la source intérieure des autorisations positives et signes de reconnaissance positifs que nous nous adressons à nous-mêmes. Le Parent Nourricier nous encourage à nous donner à nous-mêmes les signes qui renforceront notre confiance en nous et établiront les fondations d’un amour de soi sain. Pour conserver un Parent Nourricier fort, nous avons aussi besoin de signes de reconnaissance émanant d’autres personnes car même le meilleur des Parents Nourriciers peut avoir une baisse de régime.
S’occuper des autres sans s’occuper d’abord de soi revient à se sacrifier alors que personne ne nous le demande. Cela vous rappelle peut-être des épisodes vécus mettant en scène des Sauveurs Bons Samaritains très remontés contre vous parce que vous ne les remerciez pas suffisamment pour tout ce qu’ils ont sacrifié pour vous sans que vous ne leur ayez demandé quoi que ce soit. “Quand même, avec tout ce que j’ai fait pour toi, tu pourrais être un peu reconnaissant !” – Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre (Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi)
Prendre soin de soi…
Dans leur ouvrage Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi, Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre proposent de prendre le temps d’établir une liste de :
- ce que nous aimons faire pour nous-même, de ce qui nous fait du bien
- ce qui nous donne de l’énergie
- des personnes prêtes à nous offrir du soutien si nous les sollicitions
Se forcer à consacrer du temps pour établir cette liste et prendre l’engagement de caser dans l’emploi du temps des activités nourrissantes et gratifiantes diminue la tentation de jouer à des jeux psychologiques.
Par ailleurs, nous pouvons faire preuve d’auto-empathie quand nous sentons que nous sommes bousculés, agacés, à bout de ressources. L’auto-empathie passe par le fait de se dire “oui” : “oui, je suis agacé car j’ai besoin de vivre une relation qui a du sens/ j’ai besoin d’information pour pouvoir prendre une décision éclairée/ j’ai besoin de comprendre ce qui motive l’autre/ j’ai besoin de compréhension…”. Identifier les besoins profonds à l’origine de nos émotions désagréables a un pouvoir apaisant. Par exemple, “si je recevais écoute et considération, cela me permettrait d’avoir la sécurité que ce je dis est intéressant, d’avoir un espoir quant à la résolution du problème que j’expose, d’avoir confiance dans le fait que je compte pour l’autre…”.
Pour aller plus loin sur les besoins : Les 3 niveaux de besoins en Communication Non Violente : les comprendre pour gagner en “qualité du vivant”
… ET prendre soin des autres
Dans un deuxième temps, Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre proposent d’établir une deuxième liste au sujet du soutien que nous sommes capables d’apporter aux autres :
- une vraie écoute qui passe par une attention portée autant aux propos qu’au ton et aux gestes d’autrui
- un temps de silence compatissant qui laisse l’autre libre d’être qui il est et de vivre ce qu’il vit dans l’instant présent
- quelques mots de réconfort après un temps d’écoute empathique
- des compliments, mots de gratitude et encouragements (surtout si l’autre s’attend à une critique)
- de la reconnaissance pour la part de juste dans ce que l’autre dit (lire aussi : Prendre uniquement ce qui relève de l’intention positive derrière un jeu psychologique pour déjouer la manipulation)
3 incontournables des interactions humaines intègres : Lucidité, Bienveillance et Constructivité
Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre formulent quelques questions à se poser pour savoir si nous sommes dans une posture Nourricière Positive dans une interaction avec un autre humain.
Le test de la Lucidité
Que puis-je faire d’abord pour moi ?
Qui pourrait m’apporter du soutien et du réconfort ?
Mon interlocuteur a-t-il demandé mon aide ? Cette demande est-elle claire (ce qui est voulu, dans un délai donné) ?
De quoi semble-t-il avoir vraiment besoin (voir les trois niveaux de besoins évoqués plus haut) ?
Ai-je les moyens ou la compétence de satisfaire les besoins de l’autre ?
Le test de la Bienveillance
Suis-je préparé à ce que mon interlocuteur se comporte en Victime (ex : refuse mon aide en justifiant son refus par un “oui mais”) ?
Si cela se produit, que vais-je faire ? (pour des ressources utiles : Parades pour déjouer la mauvaise foi et les manipulations (Analyse Transactionnelle))
Suis-je prêt à accepter l’idée que mon aide ne sera peut-être pas utile pour l’autre ou que ne soit pas le bon moment pour lui ?
Accepterai-je un non sans me sentir agressé, manipulé, sans le prendre personnellement ?
Le test de la Constructivité
Ai-je demandé à mon interlocuteur de quoi il a besoin ? s’il souhaite des conseils ou juste de l’écoute ?
En quoi l’aide que je souhaite proposer peut-elle faire évoluer la situation favorablement ? comment je définis une issue favorable ?
Dois-je changer quelque chose dans mon attitude ou mes actions ? Dois-je m’excuser et comment ?
Suis-je sur le point de faire plus de 50% du chemin ? Est-ce justifié ?
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Source : Déjouer les pièges de la manipulation et de la mauvaise foi de Pierre Agnèse et Jérôme Lefeuvre (InterEditions). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.
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