Quand les enfants s’excitent : des idées face aux enfants euphoriques… et “ingérables”

Quand les enfants s'excitent

Dans son livre Émotions, quand c’est plus fort que lui, Catherine Aimelet Périssol rappelle que la joie semble plus facile à vivre que la colère… sauf quand elle déborde parce qu’elle n’est pas évidente à contenir et peut être éreintante quand les enfants montent en excitation. Par ailleurs, certains parents peuvent éprouver beaucoup de difficulté face à une joie euphorique parce que d’une part, cette émotion a été censurée dans leur propre enfance (et leur mémoire traumatique leur empêche d’accueillir celle de leur enfant ici et maintenant) et, d’autre part, certains parents veulent justement faire l’inverse de leurs propres parents ne sachant pas comment cadrer cette joie, quitte à laisser les enfants se mettre en danger.

Il est normal que le niveau de plaisir et d’excitation augmente au fur et à mesure au sein d’un groupe d’enfants dans un espace sans règle. Quand aucune règle n’a été établie au préalable ou n’est pas rappelée en cas de transgression, les enfants débordent parce qu’ils sont désorganisés. Ce n’est pas tant la joie qui guide le comportement des enfants mais le stress.

D’un côté, les enfants sont tellement submergés par leurs émotions qu’ils ne peuvent plus les réguler en autonomie au point de se trouver sous stress; de l’autre côté, les adultes vont être tentés de répondre par la colère (et peut-être la violence) à cette manifestation émotionnelle qui déborde. En effet, les parents en viennent eux-mêmes à être débordés par leurs émotions parce que leurs besoins de calme, de respect, de repos, d’harmonie ou encore de sécurité ne sont pas satisfaits.

Catherine Aimelet Périssol estime que la submersion de l’enfant par son propre plaisir d’expansion nous rappelle que l’équilibre s’organise dans un duo cadre (règles, cadre, lois qui permettent la vie collective) + expression personnelle (manifestation émotionnelle, croissance, développement, appartenance sociale).

Catherine Aimelet Périssol propose quelques pistes pour réagir avec bienveillance face aux enfants qui s’excitent et deviennent euphoriques ou, du point de l’adulte, “ingérables” (ce terme de “ingérables” n’est d’ailleurs pas aidant car il n’ouvre pas vers une résolution de problème gagnant/ gagnant) :

  • verbaliser ce que les enfants vivent : “Wow, je vois que vous êtes très heureuses les filles ! “/ “Ah ouai, vous vous amusez comme des fous on dirait !”

 

  • s’intéresser à ce que les enfants vivent : “J’aimerais bien savoir ce qui vous met autant en joie”

 

  • exprimer nos propres émotions d’adultes : “J’ai peur que vous vous fassiez mal si vous continuez à sauter comme ça/ en général, ce type de jeux finit mal parce qu’il y en a toujours un qui se fait mal ou alors ça finit en dispute/ je tiens à tel objet et j’ai peur que vous le cassiez si vous continuez à…/ là, tout de suite, j’ai besoin de calme et de silence'”

 

  • rappeler la règle/ les attentes pour que chacun se sente respecté et en sécurité : “La règle, c’est : on saute dehors” ou poser des questions sur la manière de satisfaire ces besoins : “comment faire pour que vous puissiez continuer à vous amuser et que moi, en même temps, je puisse me reposer/ je suis rassurée sur le fait que…”

 

  • proposer aux enfants de mettre la main sur leur poitrine pour sentir leur cœur battre (ils prendront ainsi conscience qu’ils ont un rythme cardiaque très rapide) et leur rappeler qu’ils sont les seuls à pouvoir ralentir leur “petit moteur”

 

  • inviter les enfants à prendre quelques respirations profondes en bougeant et en faisant du bruit (l’enfant euphorique n’est pas en mesure de se calmer : il a surtout besoin de décharger son stress par le mouvement). La respiration en papillon peut être util.e Les enfants mettent les mains sur le cœur : main droite au niveau du cœur, main gauche par dessus, comme pour former un papillon. Ce papillon va devenir un guide pour la respiration. A l’inspiration, le papillon ouvre les ailes (les mains s’écartent). A l’expiration, l’enfant souffle et les mains reviennent en place l’une sur l’autre au niveau du cœur. Le mouvement des mains doit bien monter à l’inspiration puis descendre à l’expiration.

 

  • permettre aux enfants de libérer leur énergie : courir ou sauter dehors, danser, faire un haka ou la danse des sioux…

 

  • co établir des règles ensemble pour que le plaisir soit possible tout en permettant aux adultes de partager l’espace dans le calme (par exemple, télécharger une application mesurant le niveau sonore et établir un niveau sonore en décibels à ne pas dépasser)

 

L’idée est donc d’arriver à conjuguer expression émotionnelle de la joie avec la vie collective et la sécurité de chacun, sans censurer la joie. Une phrase qui peut aider à y parvenir est : “Comment peux-tu être joyeux.se avec ce qui t’est demandé ?”.

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Source : Émotions, quand c’est plus fort que lui ! Aider son enfant de 3 à 11 ans à bien grandir de Catherine Aimelet Périssol (éditions Leduc S). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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