Quand on a l’impression d’être un “mauvais” parent : 4 pistes pour soigner son image de parent

impression être mauvais parent

Dans leur livre Le Burn-out parental : l’éviter et s’en sortir, Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam estiment qu’un des plus grands dénominateurs communs entre les parents qui souffrent d’un épuisement parental est d’avoir une image de soi négative en tant que parent. Elles définissent l’image de soi comme “des idées, des pensées et des croyances que nous avons à propos de ce qu’un bon parent doit ou ne doit pas faire avec ses enfants, des sentiments qu’un parent doit ressentir envers ses enfants et de la manière dont il doit pouvoir les exprimer”. Le problème des parents en burn out est qu’ils ont développé des pensées et des croyances négatives à propos d’eux-mêmes. D’après Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam, ces parents se considèrent comme des mauvais parents, inaptes à assumer leur rôle et n’étant pas à la hauteur des responsabilités qui sont les leurs.

Les 4 sources de l’image de soi

Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam soulignent qu’il existe quatre sources de l’image de soi : les connaître permet de les prendre en compte pour soigner son image de parent et prévenir l’épuisement.

1. Les expériences passées

Quand les expériences négatives s’accumulent (ex : l’enfant ne range pas sa chambre alors qu’on lui a demandé 10 fois, l’enfant refuse de faire des devoirs, les frères et soeurs se chamaillent sans cesse…), elles contribuent à détériorer l’image de soi en tant que parent.

[Ces expériences négatives] nous amènent à dresser un bilan selon lequel nous ne sommes pas un “bon” parent puisque, malgré tout notre amour et notre investissement, nous essuyons régulièrement des échecs avec les enfants. – Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam

L’effet vicieux des expériences passées est le biais qu’elles engendrent et qui confortent la mauvaise image : on va prêter plus d’attention aux expériences négatives qu’aux expériences positives. Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam  prennent l’exemple d’un enfant qui refuse de sortir du bain du premier coup qui prendra une ampleur démesurée par rapport au fait qu’il aura joué sagement avec ses figurines pendant la demi-heure précédente.

Afin de casser ce cercle vicieux, il est possible de forcer le cerveau à garder des traces des expériences positives (même anodines) afin d’équilibrer la balance expériences positives/ négatives. Cela peut prendre la forme d’un journal de bord dans lequel seront consignées les expériences positives à la fin de chaque jour en se forçant à noter au moins une situation où les relations ont été agréables.

2. Les comparaisons sociales

L’image de soi résulte aussi des comparaisons que nous faisons entre notre situation personnelle et celles des personnes qui nous entourent (et qui ont une vie plus ou moins semblable à la nôtre).

En faisant ces comparaisons, le parent cherche à se situer par rapport aux autres : s’en sort-il plutôt mieux ou plutôt moins bien que les autres parents dans une situation semblable (par exemple, l’enfant fait-il une crise dans les cabines de la piscine municipale parce qu’il ne veut pas se rhabiller ?) ? – Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam

Les comparaisons se font de manière automatique et, combinées au premier point, risquent d’alimenter l’image négative car on aura l’impression de moins bien s’en sortir que les autres parents, que tout est plus conflictuel et difficile chez nous

Une manière de contrer les effets des comparaisons sociale est de normaliser notre expérience de parents en échangeant de manière authentique avec d’autres parents. Cela peut déclencher des confidences et de l’empathie.

A cause de la “désirabilité sociale”, on ne s’autorise pas toujours à dire qu’on n’est pas heureux et que notre rôle de mère/ père nous stresse. La famille étant un lieu d’intimité, on a tendance à garder ses doutes et ses problèmes au sein même du cercle familial. Cela donne l’impression pour les personnes extérieures à ce cercle que tout va bien, que notre famille fonctionne de manière idéale. Mais ce n’est pas forcément le cas. – Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam

3. Les feedbacks (retours et commentaires) reçus sur notre manière d’être parent

Les feedbacks sur notre manière d’être parent peuvent venir de nombreuses sources : conjoint.e, enseignants, inconnus dans la rue, membre de la famille… Ils peuvent être verbaux (critiques ou éloges) ou bien non verbaux (yeux au ciel, soupir…). Notre image en tant que parent est influencée par le regard et le jugement d’autrui. Plus la personne nous est proche ou nous paraît experte, plus les feedbacks influenceront notre image (tant en bien qu’en mal). Quand les critiques viennent du conjoint ou de la conjointe, de la mère ou d’un professionnel, nous seront plus impactés.

Rien n’empêche de chercher alors des signes de gratification auprès des personnes qui nous sont proches. Nous pouvons tout à fait demander des retours positifs de manière explicite avec des questions du type “J’ai besoin de reconnaissance et de soutien. Dis moi quelque chose de positif sur moi en tant que parent.” Il se peut que ce type de demande surprenne la personne à laquelle elle est adressée mais va contribuer à un rapprochement émotionnel. Nous pouvons également impulser une culture de la reconnaissance au sein de notre famille en faisant preuve de gratitude envers nos enfants quand ils contribuent à la vie de famille ou quand ils nous rendent la vie plus belle.

Pour aller plus loin : Les compliments descriptifs : un outil utile pour élever les enfants avec bienveillance (même quand c’est difficile)

4. Les anticipations émotionnelles

Enfin, l’image de soi résulte des sensations physiologiques et des émotions éprouvées en situation de parentalité.

Par anticipation, nous associons de manière automatique une palette d’émotions à nos expériences parentales. […] Par exemple, le moment du bain peut être redouté parce que l’enfant à l’habitude de s’opposer. Lorsqu’approche l’heure du bain, nous pouvons alors éprouver des sensations désagréables : boule au ventre, sudation, énervement préliminaire… Et ces sensations vont influencer la manière dont nous allons sentir aptes à gérer la situation. – Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam

Ainsi, les anticipations émotionnelles vont jouer un rôle soit facilitateur, soit entravant car elles nous mettent dans un état d’esprit plus ou moins favorable. Avec le phénomène de prophétie auto-réalisatrice, la situation risque de se dérouler comme nous le redoutions dans le cas de l’exemple du bain. Dans le cas du burn out, les expériences parentales est systématiquement associé à des ressentis désagréables. Non seulement les anticipations émotionnelles sont désagréables en soi (et entraînent des expériences conflictuelles) mais elles donnent naissance à la honte et la culpabilité dans un deuxième temps (à cause de l’écart entre les attente et les expériences réelles).

Il peut donc être utile de développer une conscience des anticipations émotionnelles négatives en se focalisant sur toutes les dimensions des émotions :

  • ce qu’on ressent dans le corps (ex : mâchoires serrées, tensions musculaires, tête qui chauffe)
  • la nature de l’émotion ressentie (ex : colère et peur)
  • l’intensité de l’émotion (ex : colère à une intensité de 7/10 et peur de 6/10)
  • les pensées qui alimentent l’émotion (ex : J’en peux plus, pourquoi il réagit comme ça ? qu’est-ce que je fais de mal ? quand est-ce que ça va finir ?)
  • les actes et comportements (ex : crier, s’énerver, menacer)
  • les conséquences de ce comportement (ex : l’enfant se braque, se met lui aussi à crier)

On peut cibler des moments de la journée particulièrement difficiles et passer ces moments à la moulinette pour identifier nos schémas émotionnels et le cercle vicieux qui s’en suit.

Une fois plus de conscience mises sur nos mécanismes émotionnels, nous pouvons penser à des solutions et des plans :

  •  si je sens mes muscles se contracter, alors je peux…
  • si je sens la colère monter et passer de 3 à 7, alors je peux
  • si j’identifie des mots qui alimentent des pensées négatives comme “il fait toujours des crises” ou “elle n’écoute jamais“, alors je peux…
  • si je m’entends commencer à crier, alors je peux…
  • si mon enfant s’oppose avec force, alors je peux…

Trouver plusieurs plans envoie au cerveau le message que l’on a un certain contrôle sur la situation. Ce sentiment de contrôler la situation est ce dont notre cerveau a justement besoin pour détecter moins de menaces dans l’environnement et produire moins d’hormones de stress. On peut également apprendre quelques techniques de retour au calme afin de ne pas exploser (respirer par le ventre, respirer avec des expirations plus longues que les inspirations…).

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Source : Le Burn-out parental : l’éviter et s’en sortir de Moïra Mikolajcak et Isabelle Roskam (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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