Quand un enfant refuse d’être approché et réconforté en cas de crise

Quand un enfant refuse d'être approché et réconforté en cas de crise

Quand on commence à s’intéresser à l’éducation bienveillante, on lit souvent que le fait de prendre un enfant dans les bras et de le câliner lui permet de réguler ses émotions et de soulager son stress.

Pourtant, certains enfants n’aiment pas être touchés et réconfortés quand ils sont en proie à des émotions intenses. Certains ne se laissent pas approcher et la crise va s’amplifier si on tente de s’approcher d’eux (voire même de leur parler… alors n’imaginons même pas reformuler leurs émotions !). Ma fille a eu un passage comme cela quand elle était plus jeune (entre ses 3 et 6 ans environ, et plus rarement jusqu’à 9 ans).

L’éducation bienveillante, ce n’est pas appliquer une même formule magique à tous les enfants mais faire preuve de créativité et d’adaptation à chaque enfant (et même à ce qui convient à un enfant à un moment T mais plus à un moment T+1). Ce qui peut réconforter un enfant ne va pas nécessairement réconforter l’autre… et c’est OK. Cela ne signifie ni qu’on est un mauvais parent ni que l’enfant est anormal.

L’idée principale à garder en tête est celle de la dignité et du respect de l’enfant. Ce n’est ni réconfortant ni respectueux pour l’enfant que de se voir imposer un contact qui lui est désagréable.

Si l’enfant préfère que nous nous tenions à l’écart et que nous nous taisions, c’est respectable. Nous pouvons simplement en prendre acte et rester disponibles et ouverts sans être intrusifs ni revanchards. Serrer un enfant très fort dans les bras pour empêcher ses mouvements brusques risque d’accroître l’intensité de sa colère car il se sent impuissant et l’émotion ne peut pas se décharger jusqu’au bout. Il est toutefois possible de prendre un enfant dans les bras pour le changer d’environnement afin de le laisser courir, pleurer ou crier.

Cela peut être perturbant pour nous en tant que parents de se voir rejetés ou de se sentir inutiles (d’autant plus si un autre enfant de la fratrie apprécie les contacts physiques et les mots réconfortants et nous a habitués à ce type de relation).

Un enfant en crise a besoin d’empathie mais aussi de mouvement.

Quand un enfant est en crise, nous pouvons être tentés de le contenir, de l’empêcher de fuir ou de bouger en le contenant. Pourtant, ce dont un enfant en crise a le plus besoin est à la fois d’empathie (présence non jugeante ni intrusive de la part d’une personne qu’il aime) ET en même temps de mouvement (pouvoir bouger, pleurer, fuir, s’isoler).

Si un enfant tente de taper, il vaut mieux rediriger son geste plutôt que le taper en retour ou lui hurler dessus. Ainsi, il est possible de transformer un geste agressif en jeu (jeu de bagarre, course poursuite…). Le but de ce type de jeu est de faire vivre une situation aux enfants au cours de laquelle leurs émotions vont être atténuées et régulées plutôt qu’étouffées et au cours de laquelle les enfants vont avoir du pouvoir personnel.

L’idée est de permettre à l’enfant de faire ce qu’il a envie de faire mais de manière atténuée pour deux bénéfices :

  • se livrer à l’agression “pour de rire” réduit le besoin de céder aux impulsions dans la vraie vie (l’énergie est libérée dans un cadre de sécurité où la pulsion agressive se transforme en interaction positive);
  • modifier légèrement le geste agressif pour que l’enfant apprenne à contrôler son impulsivité.

Que faire quand l’enfant refuse le contact en cas de crise émotionnelle ?

Il est possible, à froid, de reparler de ce qui s’est passé avec l’enfant en s’excusant de ne pas avoir compris tout de suite qu’il aurait préféré qu’on reste en retrait. On lui assurera que, dorénavant, on respectera son besoin d’espace.

On peut également demander à l’enfant ce qu’il trouve réellement réconfortant et ce qu’il attend de ses parents en cas de crise (peut-être rien d’ailleurs !). Certains enfants ont en effet besoin d’abord d’aller jusqu’au bout de l’émotion, de relâcher toute la tension et de se décharger avant de pouvoir se tourner vers une source de réconfort disponible et bienveillante.

En tant que parents, nous pouvons rappeler à l’enfant que nous restons disponibles pour lui même si nous lui laissons le temps et l’espace dont il a besoin.

Quoiqu’il en soit, cela reste important de respecter les émotions de l’enfant et de rester ancrés physiquement afin de ne pas nous laisser nous-mêmes déborder par les émotions vécues par l’enfant (qui, rappelons-le, sont uniquement les siennes, pas les nôtres).

 

Pour aller plus loin : Les émotions de nos enfants ne sont pas nos émotions.

 

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Crédit illustration : brgfx