L’impact des sujets anxiogènes sur les enfants

Que faire pour diminuer l'impact des sujets anxiogènes sur les enfants ?

Les informations actuelles peuvent être anxiogènes pour les parents comme pour les enfants. Certains thèmes (guerres, réchauffement climatique…) et certaines images (accident, attentat, sexualité…) peuvent avoir un impact traumatogène sur les enfants. Comme l’exposition des enfants aux informations peut générer de réelles angoisses, mieux vaut éviter de laisser les enfants seuls devant les informations et, encore mieux, couper les médias en présence des enfants (même pour les tout petits qui ne parlent pas encore).

Le problème est double :

  • d’une part, les enfants n’ont pas les capacités de décryptage suffisantes pour prendre du recul, du fait de leur cerveau immature,
  • d’autre part, les adultes peuvent être eux-mêmes angoissés, voire pris de sidération, face aux nouvelles et ne pas réussir à saisir l’impact que celles-ci ont sur les enfants.

Les enfants peuvent manifester de l’anxiété sur le coup, mais aussi sur le moyen, voire long, terme. L’anxiété peut se manifester sous forme de pleurs, de troubles du sommeil et/ou de l’alimentation, de peurs  (ex : peur de rester seul ou peur du noir qui n’existaient pas avant), de problèmes de concentration.

Que faire pour diminuer l’impact des sujets anxiogènes sur les enfants ?

A titre personnel

  • Réfléchir à la manière d’exposer les enfants au monde de façon progressive : comment nommer les choses telles qu’elles existent avec des mots à hauteur d’enfant ? comment parler de mes émotions ?

 

  • Travailler notre discernement : vaut-il mieux que je garde cette pensée pour moi ? est-ce que ce sujet devrait n’être abordé que dans la sphère conjugale ?

 

  • Accueillir nos propres émotions : la peur n’est pas là pour nous rendre malade mais pour nous rappeler d’être attentifs à nous-même et aux autres. L’accueil de la peur et son expression sous une forme ou une autre sont des mesures de santé mentale. Prendre soin de notre santé mentale est primordiale en ces temps faits d’incertitude. Cela peut passer par une forme artistique : danser la peur, dessiner la peur, peindre la peur, chanter la peur… Lire aussi : Le Journal Créatif : utiliser l’art pour aller mieux

 

  • Trouver des personnes à qui parler quand nous sommes nous-mêmes submergés par l’anxiété (même inconnues sur les réseaux sociaux). Prendre sur soi et serrer les dents n’est pas recommandé; l’empathie et le soutien sont plus efficaces. Le contact physique est également important (les câlins ont des pouvoirs – presque – magiques !).

 

  • Accepter la fluctuation des émotions : il n’y a pas de bonne manière de vivre cette période marquée par l’incertitude. Nous pouvons éprouver de la peur, de la tristesse, même de la colère; nous pouvons également éprouver de la sérénité (moins de stress dans les transports les matins par exemple) et de la gratitude (pour posséder un jardin ou pour être en bonne santé par exemple). Nous pouvons être plein d’entrain pour entreprendre de nouvelles choses; nous pouvons à peine avoir assez d’énergie pour préparer à manger. Et nous pouvons éprouver tout cela au cours d’une même journée… C’est être en vie que d’éprouver toute la palette des émotions humaines. Nous pouvons toutefois apprendre à recadrer nos pensées anxieuses quand elles deviennent envahissantes : La métaphore du train des ruminations mentales

 

  • Passer à l’action : Sonia Lupien, spécialiste de l’étude du stress, affirme que l’inverse du stress n’est pas la relaxation mais la résilience. Un massage ou ballade dans la forêt peut faire du bien mais ne fera pas disparaître les stresseurs du quotidien.

La résilience, dans notre contexte, c’est la capacité d’avoir un plan B, un plan C, un plan D, etc., pour faire face à la situation qui nous stresse. […] Sachez que 85 % des gens ne mettront jamais à exécution leurs plans de rechange. Toutefois, le seul fait de se les rappeler devant le stresseur fait en sorte que le cerveau détecte moins la menace et produit moins d’hormones de stress. En effet, on envoie alors au cerveau le message que l’on a un certain contrôle sur la situation. Et ce sentiment de contrôler la situation est ce dont notre cerveau a justement besoin pour détecter moins de menaces dans l’environnement et produire moins d’hormones de stress. – Sonia Lupien

 

  • Bouger : le corps peut être un allié pour faire diminuer les hormones de stress produites en réponse à un stress aigu. Bouger (courir, pratiquer un sport actif, danser, sauter, chanter, rire…) aide à diminuer la production des hormones de stress en période stressante en évacuant l’énergie mobilisée à travers la réponse de stress. Cela s’explique par le fait qu’en période de stress, le corps a mobilisé une dose massive d’énergie pour combattre la menace ou la fuir. Cette énergie mobilisée doit être évacuée car elle est à la base du stress chronique.

 

En couple 

  • Nous alerter mutuellement si le sujet abordé ou la manière dont il est abordé est potentiellement anxiogène pour les enfants
  • Stopper une discussion quand on sent l’inconfort des enfants et valider leur ressenti : “Vous n’aimez pas quand on parle de ça. Ça vous met mal à l’aise et je vois bien que ça vous fait peur.”
  • S’ajuster en aparté sur ce qui peut être abordé devant les enfants

 

Avec les enfants

Si les enfants ont été confrontés à des paroles ou images anxiogènes, ils ont besoin de leurs parents pour décrypter ce qui se passe et pour les réassurer sur le fait qu’ils sont en sécurité, qu’ils ne pas seuls; pour parler de leurs représentations et de leurs émotions. Mieux vaut éviter le moment du coucher pour aborder le sujet des peurs. Les temps calmes de regroupement (repas et goûter par exemple) sont plus appropriés.

Lire aussi : 10 pistes pour accompagner les peurs des enfants

Les phrases du type “C’est pas grave”, “C’est pour tout le monde pareil”, “Mais ça va bientôt s’arrêter” ou encore “Il n’y a pas de raison d’avoir peur” sont des réponses obstacles. Elles n’accusent pas réception de ce que l’enfant vit, de ce qu’il traverse, de sa tristesse ou de sa peur. Une connexion émotionnelle invite au contraire à se rapprocher avec empathie de ce que l’enfant vit vraiment et de le lui renvoyer pour créer un pont.

Refléter les émotions de l’enfant peut passer par des phrases du type :

  • Je vois que ça te fait peur…
  • Tu y penses souvent, c’est ça ?
  • C’est vrai que cela peut faire peur de ne pas savoir combien de temps cela va durer.
  • C’est normal d’avoir peur dans cette situation. La peur est nécessaire face au danger. C’est la peur qui nous pousse à nous protéger, par exemple à bien penser à nous laver les mains ou à bien rester à l’intérieur.

Dans ce cas-là, l’enfant se sent pleinement compris, entendu et vit une vraie détente dans son coeur comme dans son corps.

Il est possible de proposer des outils d’expression créative face à la forte anxiété. Les enfants découvriront qu’ils ont des ressources en eux et qu’ils sont capables d’avoir du contrôle sur la situation. Passer par l’expression créative permet l’expression de l’émotion de peur malgré le manque de mots des jeunes enfants. Les plus grands y trouveront également du réconfort. Voici quelques outils d’expression émotionnelle qui peuvent aider les enfants :