Perversion relationnelle : reconnaître les “vraies” victimes et les “vrais” agresseurs

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Crédit illustration : freepik.com

L’agresseur piège la victime

Ce qui est important de pouvoir déterminer pour identifier si on est victime dans une relation pervertie est de savoir qui a fait quoi en réaction à quoi. Selon Yvane Wiart, spécialiste de la théorie de l’attachement et autrice du livre La perversion relationnelle, la clé de la compréhension des perversions relationnelles réside dans la capacité à distinguer les vrais agresseurs et les vraies victimes. Une “vraie” victime peut très bien se mettre en colère tandis qu’un “vrai” agresseur peut ne jamais crier (et se donner à voir à l’extérieur comme facile à vivre). L’agresseur peut être un homme ou une femme, tout comme la victime.

Yvane Wiart écrit que, poussée à bout par un comportement ou un discours non respectueux d’origine, la victime a deux solutions : attaquer ou fuir.

Si la victime attaque en réponse à la provocation, elle fait “une scène” et a alors toute les choses de passer pour instable, déséquilibrées et violente. Dans la relation pervertie, l’agresseur ne manquera pas de faire remarquer à quel point cette réaction est disproportionnée et inappropriée.

Si la victime s’enfuit et s’enferme dans le mutisme, l’agresseur lui reprochera alors ce silence et son manque de dialogue, d’initiative pour trouver des solutions et améliorer la situation.

Dans les deux cas, la victime est piégée : elle a forcément tort… d’autant plus que l’agresseur va avoir tendance à rendre public ce qu’il estime des réactions déséquilibrées de la victime (histoire d’inverser les rôles : il est la victime et la “vraie” victime est l’agresseur).

La victime est d’autant plus piégée quand l’agresseur est un agresseur “doux” (chantage, culpabilisation, sarcasme, dévalorisation, reproches permanents… plutôt que violence physique et cris) ou qu’il se contrôle à l’extérieur pour paraître une sorte de gendre idéal.

La colère n’est pas synonyme de violence

Yvane Wiart regrette qu’on ait pris l’habitude d’associer agressivité et colère. La colère est légitime et a une valeur réparatrice face à une agression. Il est difficile pour une victime de se rendre compte qu’elle se fait agresser et que sa colère est légitime (et que sa colère n’est pas une agression, simplement une réaction à une véritable agression d’origine par l’agresseur qui, pour brouiller les pistes, se présente comme une victime).

Il est vrai que la colère est une émotion explosive mais elle est signe de vie et de bonne santé mentale face à un manque de respect, une frustration, une agression, une attaque de l’intégrité. La colère vise à se protéger face à une agression.

En parallèle, la victime qui choisit le silence et le retrait pour résister aux agressions risque de se le faire reprocher (il lui sera dit qu’elle est trop absente, pas assez impliquée, qu’elle ne cherche pas de solutions, qu’elle coupe le dialogue…). Or ce retrait est souvent lié à un mécanisme d’apprentissage : la victime a essayé à un moment ou un autre d’exprimer sa colère et, par un mécanisme perverti, cette colère lui a été reproché. Face aux reproches portant sur sa véhémence, sur sa violence (pourtant saine), la victime a opté pour la fuite via le silence et la passivité.

La “violence” disparaît chez la victime quand elle sort de l’emprise

Yvane Wiart explique pourtant que cette supposée violence va disparaître chez la victime dès lors qu’elle va trouver une écoute bienveillante et une compréhension des mécanismes de la relation. A partir du moment où une victime ne se sent plus menacée, elle peut entrer dans le processus de communication avec calme. A l’inverse, l’agresseur ne peut jamais maîtriser sa violence (même quand il s’agit de violence psychologique).

Yvane Wiart estime que ce qui distingue un agresseur d’une victime est la notion de culpabilité : un agresseur ne se sent jamais coupable (c’est toujours la faute de l’autre) alors qu’une victime a tendance à se rendre coupable de tout, tout le temps. Un agresseur ne supporte pas de se sentir en situation de faiblesse (il a appris dans son enfance que la faiblesse était dangereuse et mauvaise, qu’être fort, c’est être aimé, qu’être faible, c’est être en danger) : il rejette alors la faute sur l’autre et évite de s’excuser (ou, s’il le fait, c’est pour mieux culpabiliser l’autre en lui disant qu’il l’a quand même poussé à bout, qu’il l’a cherché…). La victime a, quant à elle, tendance à accepter ce jeu psychologique et à accepter la responsabilité de ce qui se passe.

La perversion relationnelle a des racines profondes

Il existe en revanche un élément commun entre victimes et agresseurs : ils ont tous deux subis des maltraitances dans l’enfance (humiliation, chantage, menace, répression émotionnelle telles que des phrases comme “ne pleure pas” ou “c’est pas grave”, punition, fessée, châtiments corporels plus graves). Leur vécu émotionnel n’a pas été reconnu et ils n’ont été ni respectés ni aimés tels qu’ils étaient; ils n’ont pas (encore) amorcé de travail de résilience et de guérison des traumatismes passés. Ils ont tous les deux appris leur rôle dans l’enfance : soit de victime, soit d’agresseur.

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Source : La perversion relationnelle : Comment vaincre la violence psychologique ? de Yvane Wiart (éditions Le Courrier du Livre). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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