Textures des aliments lors de la diversification alimentaire : purée, morceaux ou entier ?

diversification alimentaire texture des aliments

Introduire les aliments en morceaux et entiers en parallèle des aliments mixés lors de la diversification alimentaire

Dans leur livre La faim des haricots, Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire rappellent que tarder à introduire les morceaux solides et ne proposer à un bébé que des purées ou compotes très lisses est contre-productif à long-terme, en termes d’équilibre alimentaire. En grandissant, les enfants à qui on a tardé à proposer des morceaux et des aliments entiers ont montré plus de risques de développer une néophobie alimentaire, une alimentation difficile et une consommation réduite de fruits et légumes. L’OMS recommande de démarrer la diversification alimentaire autour de 6 mois, et il peut-être intéressant de la démarrer autour de 4 mois révolus (en en discutant avec le pédiatre qui suit le bébé en fonction de ses compétences, de ses besoins et des questions des parents).

L’introduction de morceaux et d’aliments entiers (textures granuleuses entre autres) offre de nombreux avantages, y compris en parallèle des aliments mixés :

  • manger avec les doigts rend familières les diverses textures des aliments, y compris visqueuses ou pâteuses qui sont en général rejetées quand elles n’ont pas été expérimentées lors de la diversification alimentaire (la texture inconnue ou inhabituelle est une justification fréquente pour le rejet des aliments chez les enfants plus âgés et les adultes et une texture visqueuse ou pâteuse est souvent associée à la pourriture.);

 

  • les aliments à mâcher vont inciter le bébé à coordonner ses muscles faciaux pour passer d’un réflexe de succion à des mouvements latéraux pour écraser les aliments solides;

 

  • l’enfant va développer sa préhension et sa coordination oeil-main, qui lui seront utiles pour manger puis manier ses couverts correctement, mais aussi pour toutes les activités nécessitant une motricité fine (écrire, s’habiller, jouer…);

 

  • contrairement aux petits pots où les recettes mélangent plusieurs aliments, dénaturant leur saveur, l’enfant va pouvoir les découvrir un à un, à l’aide de tous ses sens pour accroître sa palette gustative;

 

  • l’enfant partage le repas familial en reconnaissant les mêmes aliments dans sa propre assiette que dans l’assiette des membres de sa famille.

 

Jusqu’à 2 ans, vous êtes sur la jolie route de campagne du goût… profitez-en car les embuscades ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez ! Ne vous laissez pas décourager par un refus ou un manque d’enthousiasme, ce sont là des étapes inhérentes à l’apprentissage du goût chez les enfants. L’acceptation d’une diversité de goûts, de formes, de couleurs, de textures est la clé d’une alimentation riche en nutriments pour une santé optimale et cette acceptation ne sera jamais aussi facile à obtenir que durant ses premiers mois de vie. –  Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire

Lire aussi : Quand un enfant chipote sur les légumes

Les atouts de la DME (Diversification Menée par l’Enfant)

La DME (Diversification Menée par l’Enfant) est UNE option mais n’est pas forcément LA méthode à adopter pour une diversification réussie. Un des grands avantages de la DME est l‘autonomie offerte par les aliments en morceaux, l’instauration d’un rapport sans crainte à la nourriture et un entraînement à la mastication. En DME, il n’y a ni purée, ni soupe ni compote mais des aliments, cuits ou crus, présentés entiers, sous forme de morceaux, de sticks ou sous leur forme prototypique (comme deux ou trois pâtes papillons cuites). Les aliments ne sont pas mélangés, mais présentés séparément (dans une assiette séparées en plusieurs compartiments par exemple), de manière à ce que l’enfant choisisse quel aliment et quelle quantité il souhaite manger. L’enfant mange avec les doigts et découvre ainsi les textures, l’odeur, la couleur, le goût des aliments un à un.

Certains parents seront très à l’aise avec cette approche; d’autres moins (notamment par peur de l’étouffement ou par manque de temps pour préparer plusieurs aliments pour un seul repas). Dans ce cas, Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire proposent de trouver l’approche qui correspond à la sérénité d’esprit familiale et aux besoins tant des parents que des enfants entre DME et diversification à base de purées, soupes et compotes :

  • proposer au sein d’une même assiette plusieurs ingrédients aux textures différentes (purée, morceaux);
  • adapter les propositions aux comportements de l’enfant : si ce dernier manifeste une grande faim, il est possible de lui proposer quelques cuillères de purée pour apaiser son estomac puis de ralentir le rythme et enfin de le laisser saisir et déguster les aliments entiers ou en morceaux, selon ses envies et besoins.

 

Elever des mangeurs équilibrés et curieux

Respecter l’appétit et la satiété de l’enfant 

Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire rappellent que l’appétit d’un bébé peut être petit, gargantuesque, irrégulier (comme celui des adultes)… ou bien “normal” (en sachant que la normalité diffère selon l’histoire des parents et la culture dans laquelle ils ont grandi notamment). Nous pouvons être attentifs aux indicateurs d’auto-régulation des bébés.

La fonction nourricière du parent est souvent vécue de manière stressante : “mon enfant a-t-il assez mangé ?” est une angoisse dès les premiers jours ! D’ailleurs, il arrive qu’on congratule les enfants qui ont bien mangé – sous-entendu “d’importantes quantités”, alors que l’honnêteté nous ferait plutôt dire : “Merci d’avoir mangé suffisamment pour que j’aie le sentiment du devoir parental accompli et donc l’esprit serein !” – Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire

Il peut arriver que suivre les indicateurs des enfants nous amènent à avancer l’horaire du repas, à augmenter ou diminuer la portion administrée ou à donner plus d’aliments lisses, plus faciles à avaler.

La diversification : une opportunité pour repenser nos propres comportements alimentaires 

De plus, nous pouvons profiter de l’accompagnement de nos enfants pour repenser nos propres comportements. En effet, chez les jeunes enfants, l‘observation constitue le socle des apprentissages. Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire écrivent qu’avant 2 ans, le comportement alimentaire serait principalement guidé de l’extérieur par les attitudes des personnes qui prennent soin de l’enfant. Une hypothèse est que cet apprentissage par modèle serait adaptatif car il permet à un petit humain de savoir si ce qu’il va ingérer est dangereux ou non. Comme faire confiance aux adultes du cercle proche semble être la meilleure solution pour assurer la survie, plus les parents mangent équilibré, avec plaisir et en respectant leur satiété, plus les enfants auront tendance à suivre leur exemple.

Lire aussi : Les parents sont-ils responsables du développement d’un trouble des conduites alimentaires chez leur enfant ?

 

Attention toutefois : les intolérances, les allergies ainsi que les troubles alimentaires existent bel et bien. En cas de doute (peu de prise de poids ou baisse du poids, très faible nombre d’aliments tolérés, problèmes de sommeil…), vous pouvez en parler avec votre médecin ou votre pédiatre qui vous orientera vers des examens complémentaires s’il le juge nécessaire (exemples : allergologues; psychiatres, neurologues ou neuropsychologues; orthophonistes).

 

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Source : La faim des haricots : ce que vos enfants ont vraiment besoin de manger et comment leur faire apprécier de Audrey Zucchi et Jérémie Lafraire (éditions Marabout). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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