“Le moment humain” : ce temps d’attention et de connexion est à la source du développement humain (et de guérison à l’âge adulte)

(et de guérison à l'âge adulte)

Théorie de l’attachement et “moment humain”

La théorie de l’attachement, telle que conçue par Bowlby, indique qu’un bébé a besoin d’être sécurisé, dès sa naissance, par des adultes qui répondent à ses besoins de toute nature (physiologiques, émotionnels, affectifs).

Le système d’attachement a comme objectif de maintenir la proximité du bébé avec sa figure d’attachement pour que cette dernière satisfasse ses besoins vitaux. La principale caractéristique qui différencie un attachement sécure d’un attachement insécure est liée au fait que, dans le premier cas, le parent répond adéquatement aux signaux et aux besoins de l’enfantet ce dernier n’a pas d’effort particulier à faire pour être entendu et objet d’attention, d’affection. Dans le second cas, la réponse est soit inadaptée, soit incohérente, ce qui conduit l’enfant à devoir mettre en place des stratégies particulières d’adaptation et qui se manifestent sous forme de modèles internes opérants. En effet, d’après la théorie de l’attachement, la représentation de soi et autres, ainsi que les comportements qui en découlent, sont le résultat d’expériences précoces (la première année de vie de l’enfant) qui laissent des traces irréversibles (ou presque). Dans la théorie de l’attachement, les modèles internes opérants sont les représentations mentales de soi-même et des autres qu’un humain forme dans les interactions avec sa figure primaire d’attachement. Les modèles internes opérants correspondent à une vision du monde, à des attentes (les humains s’attendent à être traités à l’âge adulte par les autres adultes comme ils l’ont été par leurs figures principales d’attachement – la plupart du temps, les parents – dans l’enfance).

Dans son livre Guérir des blessures d’attachement, Gwénaëlle Persiaux s’appuie sur la théorie de l’attachement pour écrire que des relations de qualité sont indispensables au bien-être humain et à l’épanouissement. Edward Hallowell, professeur à Harvard, parle du “moment humain” pour qualifier ce temps de présence et d’attention accordé à autrui et qui procure à ce dernier un profond sentiment de satisfaction.

En lien avec la théorie de l’attachement, Gwénaëlle Persiaux affirme que ces moments humains sont à la source du développement des enfants. Même quand nous n’avons pas reçu une dose suffisante de moments humains pendant notre enfance et notre adolescence, entraînant un style d’attachement insécure, il est toujours temps de la compléter à l’âge adulte. Cela est toutefois loin d’être facile pour les personnes qui ont un attachement insécure.

Les modèles internes opérants dans la théorie de l’attachement 

Attachement sécure

Les modèles opérants internes qui émergent de soins adéquats sont marqués par la confiance car l’enfant a vécu une relation d’attachement, fondée sur l’intimité émotionnelle et la sécurité. L’individu se sent sécure par rapport à son besoin d’être protégé parce qu’il a une représentation mentale de sa figure d’attachement en termes de « base sécure », de laquelle il peut s’éloigner pour l’exploration et vers laquelle se rapprocher en cas de besoin. Il est libre de porter son attention et décoder, sans préjudice possible, les signaux provenant des contextes dans lesquels il vit et peut gérer au mieux les relations interpersonnelles.

Lire aussi : Théorie de l’attachement : 4 caractéristiques majeures d’une figure d’attachement sécurisante

Attachement insécure

Les modèles opérantes internes qui émergent de soins inadéquats sont marqués par une insécurité émotionnelle et un manque de confiance en soi et dans la relation. L’attachement de ces individus est qualifié d’insécure et ils sont au nombre de 3 :

  • Attachement anxieux/ ambivalent : la peur et l’ambivalence dominent et empêchent une véritable connexion réparatrice car la personne a appris à suractiver son système d’attachement pour obtenir des miettes d’attention (ex : beaucoup parler, coller l’autre, réclamer la présence plus souvent…). La personne à l’attachement anxieux peut paraître fusionnelle et ses maladresses relationnelles sont des tentatives pour être (enfin) vue, entendue, comprise et pleinement accueillie par les autres.

L’ambivalence réside dans ce double mouvement : avoir besoin de l’autre, ne pas pouvoir faire sans lui, tout en trouvant que ce n’est jamais assez, en en voulant toujours plus. – Gwénaëlle Persiaux

Tant que les personnes avec un attachement anxieux/ ambivalent n’ont pas expérimenté des relations satisfaisantes où elles se sentent vues et rejointes dans leurs émotions et leurs besoins, elles se maintiennent dans cette dépendance à l’autre pour s’apaiser.

 

  • Attachement évitant/ détaché : l’adulte a appris à se protéger du rejet et de l’indifférence en se tenant loin de relations trop intimes et d’émotions intenses. La personne a appris à désactiver son système d’attachement (c’est-à-dire à minimiser ses émotions et ses besoins relationnels) et à se débrouiller toute seule (pour contrôler la détresse intérieure). L’intimité et la proximité font peur aux évitants.

La plupart ont soif d’autre chose, de relations proches et de partages plus profonds, mais elles ne savent pas comment faire. Leur sensibilité est bien souvent grande et belle mais cachée du monde, planquée derrière une façade d’indépendance et de “rien ne me touche”. – Gwénaëlle Persiaux

 

  • Attachement désorganisé : le monde émotionnel de l’adulte désorganisé est caractérisé par le chaos. Ses émotions sont imprévisibles : parfois excessives et dévastatrices (rage, désespoir, honte…), parfois absentes (la personne paraît déconnectée de la réalité). Le style d’attachement désorganisé est un mélange de comportements anxieux et évitants. Il y a toutefois toujours une dominante qui s’exprime dans les moments de stress intense.

Le désorganisé a intensément besoin de liens avec l’autre tout en le rejetant dans le même temps. Ainsi les comportements de sabotage de relations sont courants. La méfiance domine et il va ainsi se comporter de manière désagréable avec ceux qui veulent prendre soin de lui, provoquant finalement le rejet et la confirmation de ses représentations de lui, des autres et du monde que sont les croyances ou modèles internes. – Gwénaëlle Persiaux

Guérir les blessures d’attachement grâce à des relations de qualité

Les obstacles à la création de relations nourrissantes et guérissantes 

On comprend mieux pourquoi nouer des relations nourrissantes, guérissantes et intimes est si difficile pour les personnes qui ont un attachement insécure (anxieux, évitant ou désorganisé). Gwénaëlle Persiaux cite plusieurs manières qui mettent en condition pour nouer ce type de relations réparatrices :

Les type de relations qui peuvent apporter le “moment humain” 

Gwénaëlle Persiaux estime que plusieurs types de relations peuvent apporter ce “moment humain” si précieux, ce “bonheur de pouvoir compter sur d’autres” :

  • les relations entre frères et soeurs : à l’âge adulte, il est possible de cultiver les liens à l’intérieur de la fratrie pour qu’ils deviennent des relations d’attachement solides et nourrissants pour faire face aux difficultés de la vie via un partage émotionnel et de l’entraide (c’est aussi le cas avec les cousins et cousines)

 

  • les relations d’amitié : il est question d’attachement dans l’amitié car un ami proche et fidèle peut représenter le have de sécurité vers qui se réfugier en cas de détresse, avec qui est il est possible de baisser la garde et de se montrer vulnérables (se dévoiler en cas de coup dur et se réjouir pleinement des bonnes nouvelles)

 

  • l’amour conjugal : la puissance de la relation amoureuse peut être une voie de guérison des blessures d’attachement

 

Les moments de connexion et de soutien mutuel contribuent ainsi à modifier nos modèles internes relatifs à l’attachement vers plus de sécurité et de diminuer nos fonctionnements insécure. Ils permettent d’intégrer peu à peu une autre vision de l’être humain, de l’autre, comme capable de nous accueillir avec ce que nous sommes, y compris nos défauts et nos limites, d’avoir du plaisir d’être en notre présence, de nous soutenir en cas de traversée douloureuse et enfin de nous redonner de l’énergie quand nous en avons besoin pour avancer. Il s’agit bien là des fonctions occupées par une figure d’attachement sécurisante. Vivre ces expérience corrige peu à peu nos visions de fond et nous fait avancer sur le chemin de la vie. – Gwénaëlle Persiaux

Enfin, Gwénaëlle Persiaux rappelle que l’amour de soi passe par l’amour des autres car nos parties anxieuses et évitantes reprennent progressivement confiance en l’autre et dans le monde via ces relations de confiance. Le mot clé pour guérir des blessures d’attachement est : recevoir. Accepter de recevoir l’amour des autres sans saboter la relation et l’intégrer en soi peut faire (re)naître un amour de soi.

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Source : Guérir des blessures d’attachement : apprendre à construire des liens apaisés de Gwénaëlle Persiaux (éditions Eyrolles). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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