Attachement et pleurs des bébés

théorie de l'attachement bébé

La théorie de l’attachement, telle que conçue par J. Bowlby, indique qu’un bébé a besoin d’être sécurisé, dès sa naissance, par des adultes qui répondent à ses besoins.

Le système d’attachement a comme objectif de maintenir la proximité du bébé avec sa figure d’attachement pour que cette dernière satisfasse ses besoins vitaux. Les petits humains disposent, dès la naissance, d’un répertoire comportemental qui lui permet d’obtenir cette proximité (pleurs, cris, bras tendus, doigts qui s’accrochent). Ces signaux destinés à attirer l’attention de celles et ceux qui s’occupent de lui sont dits “aversifs” : ils amènent l’adulte en charge du bébé à se rapprocher de lui pour les faire cesser. Ainsi, on comprend qu’un bébé n’est pas manipulateur : les pleurs cessent quand les parents le prennent dans les bras précisément parce que le système d’alarme n’a plus raison d’être.

Un enfant qu’on laisse pleurer est un enfant qui apprend qu’on l’abandonne au moment même où il a besoin d’aide. Notre présence auprès de lui das ces moments difficiles lui fait sentir que son angoisse est l’unique chose qui nous préoccupe. – Christine Schuhl et Josette Serres

Il est à noter que d’autres comportements apparaissent à mesure que les bébé grandit : les sourires et les vocalises ont la même finalité que les cris et les pleurs, à savoir permettre aux bébés humains de s’attirer la proximité physique des adultes qui peuvent le protéger (ou de maintenir cette proximité autant de temps que nécessaire).

Dès qu’une alarme sonne, il y a activation du système d’attachement. Seule la proximité d’avec la figure d’attachement peut “éteindre” le système d’attachement puisque l’objectif du système est atteint. – Christine Schuhl et Josette Serres

La constitution des figures d’attachement et leur hiérarchisation

La constitution d’une figure d’attachement prend neuf mois. Pendant ce temps, le bébé va progressivement hiérarchiser ses figures d’attachement primaires en figures d’attachement principale et secondaires.

La figure d’attachement principale est généralement la personne qui s’est le plus occupée du bébé pendant les premiers mois parce que c’est la personne qui donne le plus le sentiment de sécurité au bébé. C’est vers sa figure principale d’attachement que le bébé se tournera de manière prioritaire en cas de détresse ou d’alarme.

Quand un enfant arrive à la crèche ou chez une assistante maternelle, ses figures d’attachement sont plus nombreuses. Pendant sa période d’adaptation, le bébé va apprendre à reconnaître la voix, l’odeur, le visage de ses nouvelles figures d’attachement et les hiérarchiser comme figures d’attachement secondaires. Le bébé se sent sécurisé en présence de ces figures d’attachement secondaires mais, en cas d’alarme, le bébé se réfugiera en priorité dans les bras de ses parents s’ils sont présents (et de sa mère en priorité si la mère est la figure primaire d’attachement). On comprend ainsi pourquoi les enfants se réfugient en priorité dans les bras de leurs parents même en présence d’autres personnes qu’ils connaissent.

Le bébé peut transposer sa confiance à des figures d’attachement secondaires si sa première expérience avec sa figure d’attachement principal s’est bien passée. En effet, si ses parents ont répondu à ses besoins de façon cohérente et régulière, le bébé en attendra autant des nouvelles personnes qui s’occupent de lui. Un bébé mal sécurisé à la maison manifestera de l’anxiété à la crèche ou chez une assistante maternelle même si les professionnels sont attentifs à ses besoins. C’est pourquoi il est important que la période d’adaptation et le passage de relais les matins se fasse en douceur pour que le bébé installe une relation de confiance avec les adultes appelés à devenir des figures secondaires d’attachement.

Quand le lien d’attachement est rompu, c’est la tempête dans le cerveau du bébé !

Quitter les bras et en même temps quitter la vue de l’adulte sont insupportables. – Christine Schuhl et Josette Serres

Quand le lien d’attachement est rompu, le bébé va se mettre à pleurer. Un bébé ne peut pas réguler seul ses états émotionnels. C’est à l’adulte de ramener le calme dans le corps et le cerveau du bébé. Il est inutile de dire à un enfant (et encore plus à un bébé) d’arrêter de pleurer ou de le raisonner en lui disant que la vie en collectivité implique de partager l’attention des adultes.

Le système neurovégétatif qui contrôle les grandes fonctions organiques du bébé est fortement déséquilibré quand le système d’alarme retentit dans son organisme (faim, soif, inconfort, danger, réveil…). L’axe sympathique qui prépare à l’action (attaque ou fuite) en cas de danger est suractif et libère une quantité élevée d’adrénaline, hormone du stress. Pendant ce temps, l’axe parasympathique calmant est sous-actif et le nerf vague ne remettra de l’ordre dans les systèmes vitaux de l’organisme que s’il est activé par une attitude réconfortante.

L’adulte doit donc aider l’enfant en le consolant afin de libérer l’ocytocine (hormone de l’amour et donc anti-stress). Les sources d’apaisement efficaces passent par le toucher, le bercement, la succion et la chaleur.

Le bébé a des difficultés pour trouver seul comment apaiser ses tourments. Les adultes peuvent l’aider en lui fournissant des moyens “validés” mais surtout en l’accompagnant dans ses recherches d’auto régulation émotionnelle. – Christine Schuhl et Josette Serres

On comprend ainsi l’importance de la bienveillance et de ce qu’on appelle le maternage proximal (portage, allaitement, cododo, réponse aux pleurs des bébés) pour les bébés.

Pour autant, le rythme imposé par un nourrisson est soutenu et même inattendu pour les jeunes parents dont c’est le premier enfant. La fatigue et l’isolement peuvent rendre la réponse aux besoins et pleurs des bébés très difficile car les besoins du bébé peut entrer en rivalité avec ceux des parents. Ainsi, répondre aux pleurs des bébés peut représenter un vrai défi pour un grand nombre de parents. Quand on se sent à bout, quand on est sur le point de secouer le bébé, quand on a envie de le/se jeter par la fenêtre, il est urgent de trouver des ressources pour faire face.

Pour aller plus loin : Répondre aux besoins du bébé, une priorité : et quand c’est difficile ?

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Source : Petite enfance et neurosciences : (Re)construire les pratiques de Christine Schuhl et Josette Serres (éditions Chronique Sociale)

 

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