4 astuces pour réduire la charge mentale liée à la parentalité
Dans son livre La charge mentale des femmes, Aurélia Schneider rappelle que la charge mentale se nourrit du perfectionnisme. Elle explique que l’intolérance à l’imprévu est une composante du problème. En effet, quand le plan qu’on avait soigneusement préparé, prévu et anticipé, ne se déroule pas comme prévu, le stress émerge en raison de la perte de contrôle.Quand on a l’impression de ne plus pouvoir décider de rien, qu’on ne peut plus anticiper comment cela va se passer, on est sous tension car on manque de repère et on se sent incompétent. Le besoin de contrôle est un cercle vicieux qui risque de mener à l’épuisement.
Aurélia Schneider propose plusieurs astuces pour réduire la charge mentale et lutter contre le “autoharcèlement”.
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Instaurer une demie-journée blanche
Aurélia Schneider conseille de barrer une demie-journée tous les 15 jours sur l’agenda. Cette demie-journée « barrée sur l’agenda » est une plage indisponible pour qui que ce soit (aussi bien personnellement que professionnellement). Cette demie-journée peut être prise sous forme de rituel (par exemple, tous les deuxièmes et quatrième mercredis matins de chaque mois). Libre à chacun et chacune d’occuper cette demie-journée comme il lui plaît, pour soi (sans rendez-vous médicaux pour les enfants ni réunions professionnelles).
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Se décentrer dans le temps
Aurélia Schneider propose de se décentrer dans le temps pour alléger la charge mentale. Par exemple, il peut être utile de se demander quelle importance cela aura dans cinq ans d’avoir mis les enfants à la cantine deux fois par semaine ou d’avoir pris un RTT avant le départ en vacances afin de préparer le départ plus sereinement.
Demandez-vous si cela vaut le coup d’être le gars ou la fille du cimetière qui a le plus assisté à des réunions pas toujours indispensables… À toutes ces questions, il est quasi certain que la réponse sera « non ». Et comme nous l’avons dit, le grand risque à cinq ans (et peut-être à seulement un an) est que vous soyez en état d’épuisement et dans l’incapacité de faire face. – Aurélia Schneider
La question de la performance est vitale : nous sommes plus que la somme de nos actions et la recherche de la perfection est un piège qui nous fait croire que nous devons toujours être plus efficace, être plus en forme, avoir plus de succès. Si nous cherchons toujours plus, nous nous mettons une pression sans fin jusqu’à l’épuisement, et même la dépression. Donner plus, produire plus, éprouver plus d’émotions positives, s’entraîner plus, être plus (et même être meilleur : un meilleur parent, un meilleur employé…) est intenable à moyen et long terme. Nous devons prendre garde à ne pas laisser tous nos moments de vie être contaminés par la recherche de la performance ou la démonstration de compétences.
Pour aller plus loin : Questionner le développement personnel
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Hiérarchiser l’importance des tâches et chercher des alternatives
Pour Aurélia Schneider, certaines actions qui ne nécessitent pas d’atteindre la perfection peuvent être restreintes de manière volontaire (comme le repassage ou la cuisine faite maison tous les jours). Aurélia Schneider reconnaît que cette restriction peut être très inconfortable car cela nécessite de prendre un risque (frustration, perte de contrôle, sentiment d’incompétence, peur du jugement…). L’idée est de choisir une action en particulier pour commencer (soit celle qui génère le plus de souffrance ou celle qui semble la plus facile à restreindre). Par exemple, cela peut être la peur de manquer lors des courses ou d’oublier quelque chose lors de la préparation des valises.
La première action à restreindre peut être sélectionnée via une hiérarchisation personnelle de l’importance des différentes tâches. La décentration dans le temps permet une sélection plus efficace. Par exemple, sera-t-il important dans cinq ans que le gâteau d’anniversaire des enfants ne ressemble pas à un château ou à une voiture, que les housses de couette ne soient pas repassées ou que le ménage complet n’ait pas été fait avant de recevoir des amis ?
Si oui, on peut se demander pour quelle raison :
- est-ce que je ressens le besoin de faire un magnifique gâteau d’anniversaire parce que tous les autres parents le font sur les réseaux sociaux ?
- est-ce que j’ai l’impression de montrer par ce biais à mon enfant que je l’aime ?
- est-ce que je me sens un meilleur parent en le faisant (parce que c’est ce qu’on bon parent est supposé faire) ?
- est-ce que je veux que mon enfant fabrique de beaux souvenirs ?
- est-ce que je veux que mon enfant pense que l’amour est synonyme de sacrifice jusqu’à l’épuisement et l’annihilation de soi ?
Pour autant, serait-ce possible autrement, avec un simple gâteau au yaourt ou un fondant au chocolat ? Est-ce que je serai un moins bon parent ? Quel message je fais passer à mon enfant si je change ma manière de penser et de faire ?
Une fois une tâche choisie et ses alternatives possibles notées, il s’agira de noter sur 5 la difficulté éprouvée à l’idée de réaliser chaque idée alternative (5/5 étant la note maximale). On pourra commencer doucement par une idée estimée entre 1 et 3.
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Passer à l’action avec une épreuve de réalité
Aurélia Schneider suggère de procéder à une épreuve de réalité (EDR), à l’aide d’un tableau à deux colonnes : Avantages/ Inconvénients. Dans la première colonne, TOUS les avantages de l’action qui pose problème sont listés. Dans la deuxième colonne, tous les inconvénients seront listés (comme l’encombrement, un niveau de stress élevé, le mal de dos, les disputes avec le conjoint ou les enfants…).
Sous le tableau, il est possible de noter les alternatives : ce qui pourrait être fait différemment, même si on n’est pas à l’aise avec certaines de ces idées dans un premier temps (ce qui est normal car le changement est source de tension). Ces idées peuvent être inspirées par des amis/ amies, la ou le conjoint, des magazines…
Une fois ce tableau réalisé, le relire permettra de choisir des changements à effectuer dans une optique de sabotage dans le sens où certaines actions alourdissant la charge mentale peuvent être abandonnées ou changées, en pensant aux bénéfices attendus. Par exemple, concernant la gestion de stocks excessifs liée à une peur de manquer, une décision simple peut se faire sous forme de règle : ne jamais racheter un produit dispensable dont il reste un exemplaire (comme une conserve de légumes ou de l’assouplissant). Il reste à faire une liste des produits dispensables (en collaboration avec le ou la partenaire par exemple).
Aurélia Schneider conseille de noter sous le tableau de départ les difficultés et obstacles (y compris la tension personnelle et la frustration du départ) mais aussi, et surtout, les conséquences positives. Ainsi, quelques jours après le passage à l’action, il sera utile de reprendre le cahier et de consigner les résultats de l’épreuve de réalité (en rouge pour les résultats négatifs, en vert pour les résultats positifs). Certaines questions peuvent aider à l’analyse de l’expérience du changement d’habitude :
- La vie a-t-elle été possible avec un stock minimal, voire en l’absence d’un produit dans le placard ?
- La maison a-t-elle tourné normalement alors qu’il manquait quelque chose ?
- En cas de réel besoin, peut-on se procurer facilement le produit manquant du jour au lendemain ?
- Quelqu’un s’est-il plaint ? Qui et pourquoi ? Pour aller plus loin : La charge mentale en famille : compter sur l’autonomie et le sens de la responsabilité de tous les membres (y compris les enfants)
- Comment ont été réglés les problèmes ? Y-a-t-il des ajustements à trouver ?
En parallèle, les émotions ressenties et leur intensité seront évaluées lors du passage à l’action, ainsi que la réaction des autres personnes impliquées (par exemple, les enfants et les invités lorsque le gâteau “simple” est servi).
Avec ces informations, des conclusions sur l’existence de réelles conséquences de ce changement pourront être tirées, ainsi que sur la possibilité de le reproduire et son intérêt dans la diminution de la charge mentale.
Se donner de la reconnaissance à soi-même sera très aidant : avoir effectué ces tâches de « non-exécution » et de « sabotage » signifie qu’on a osé prendre un risque. Aurélia Schneider insiste sur le fait qu’il est indispensable d’admettre que la gêne du départ a certes été là mais qu’elle était peu durable, surtout au fur et à mesure de la répétition des épreuves de réalité.
L’épreuve de réalité est essentielle pour promouvoir le changement, diminuer votre perfectionnisme et vos exigences internes excessives. Votre charge mentale finira elle aussi par s’alléger car vous serez moins crispé à l’idée de ne « rien oublier ». – Aurélia Schneider
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Source : La charge mentale des femmes de Aurélia Schneider (éditions Larousse). Disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.
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