Les schémas précoces d’adaptation et les liens avec les besoins fondamentaux des enfants

7 besoins fondamentaux des enfants

Les schémas précoces d’adaptation se forment dans l’enfance

La thérapie des schémas précoces d’adaptation s’appuie sur la notion de schéma qui est une perception inébranlable du monde, d’autrui et de soi-même qui se dessine tôt dans l’enfance à la suite de certaines carences éducatives. Ces carences éducatives sont en lien avec des besoins fondamentaux insatisfaits de manière chronique. A l’âge adulte, le schéma devient une façon rigide de percevoir soi, les autres et le monde.

Les schémas précoces d’adaptation comme des croyances profondes sur nous-mêmes et sur le monde, croyances acquises dans l’enfance. Le problème est qu’un schéma est source de souffrance mais que, en même temps, les schémas sont essentiels à notre sentiment d’identité.

Les facteurs qui influencent la formation des schémas

Jeffrey Young, concepteur de la thérapie des schémas, liste les facteurs qui contribuent à la formation d’un schéma :

  • le tempérament d’une personne (chaque enfant naît doté d’un tempérament personnel et inné (craintif, actif, extroverti, timide…). Le tempérament prédispose à réagir aux événements.
  • le milieu de vie (lien avec les parents et la famille élargie, les camarades; la socio-culture; les circonstances du type guerre ou paix/ abondance ou rareté de la nourriture)

Young estime qu’un milieu affectueux et sûr peut faire d’un enfant naturellement timide un enfant moyennement extroverti. A l’inverse, des circonstances gravement néfastes pourraient même abattre un enfant relativement invulnérable.

Au sein du milieu, le facteur le plus important est la famille. Jeffrey Young affirme que, lorsque nous ravivons un schéma, il s’agit presque toujours de la reconstitution d’un drame familial de notre enfance.

En général, l’influence de la famille culmine dans la toute jeune enfance puis décline progressivement avec les années. A la fin de l’enfance et à l’adolescence, les amis et l’école acquièrent peu à peu un certain poids même si la famille demeure le moteur le plus important de l’influence.

L’hérédité et le milieu de vie agissent l’un sur l’autre. Les influences néfastes de notre enfance et notre tempérament propre s’unissent pour former les schémas dans lesquels nous nous enlisons. – Jeffrey Young

Lien entre schémas et besoins fondamentaux non satisfaits dans l’enfance

Les schémas sont à mettre en lien avec des besoins fondamentaux non satisfaits dans l’enfance. Le principe de base de la thérapie des schémas précoces d’adaptation est que les enfants ont des besoins psychiques fondamentaux. Ils ont besoin d’être aimés, protégés, encouragés, stimulés par le langage oral, de se sentir importants. En revanche, l’assistance et la surprotection ainsi que la permissivité peuvent être à l’origine de schémas.

  • Besoin de sécurité de base non assuré par les parents
    • Méfiance et abus : Je ne peux pas faire confiance
    • Abandon : Je t’en supplie, ne me quitte pas

 

  • Besoin d’autonomie non satisfait/ empêché
    • Vulnérabilité : La catastrophe est imminente
    • Dépendance : Je ne peux pas me débrouiller seul

 

  • Besoin de relations et de lien interpersonnels de qualité non satisfait
    • Carence affective : Mes besoins d’affection ne seront jamais comblés
    • Exclusion : Je me sens toujours à part

 

  • Besoin d’estime de soi non satisfait/ empêché
    • Imperfection : Je ne vaux rien
    • Échec : Ma vie est un échec

 

  • Besoin d’expression de soi non satisfait/ empêché
    • Assujettissement : Je fais toujours ce que tu veux
    • Exigence élevée : Ce n’est jamais suffisant

 

  • Besoin de limites réalistes et de compréhension des besoins des autres non satisfait/ empêché
    • Tout m’est dû : Je peux (et dois) obtenir tout ce que je désire indépendamment de ce que cela coûte aux autres

thérapie des schémas

Pour aller plus loin : Les schémas précoces d’adaptation : une approche thérapeutique pour mieux se connaître et moins souffrir dans ses relations

7 besoins fondamentaux des enfants (d’après la thérapie des schémas précoces d’adaptation)

1 – Être aimé inconditionnellement

Aimer un enfant inconditionnellement, c’est l’aimé tout court, sans « si » : l’enfant doit se sentir aimé même s’il ne rend pas service, même si ses résultats scolaires fléchissent, même si sa chambre est mal rangée, même s’il est en colère ou s’il n’est pas l’enfant parfait que ses parents espèrent.

2 – Être protégé physiquement et psychiquement

La protection englobe à la fois les besoins physiologiques (faim, soif, propreté…), physiques (protection contre le froid, protection contre les accidents…) et psychiques (protection contre les agressions, respect de l’intégrité physique de l’enfant – incompatible par exemple avec les fessées ou toute autre violence physique).

3 – Être valorisé

Un enfant doit sentir que ses parents sont attentifs à ce qu’il fait, et qu’ils l’encouragent dans ses réalisations si petites soient-elles.

Si ses parents font les choses à sa place, même pour être gentils, l’enfant risque d’en déduire qu’il est trop bête ou pas assez doué pour qu’on lui fasse confiance. L’enfant se sent valorisé quand il est admiré, non pour ses réussites, mais pour ses progrès. – Stéphanie Hahusseau (Comment ne pas se gâcher la vie)

Pour aller plus loin : On a tendance à confondre existence et performance (l’attention et la présence sont plus efficaces que les compliments)

4 – Être compris, entendu

Combler le besoin d’être compris d’un enfant, c’est faire preuve d’empathie envers lui. Les parents qui manquent d’empathie exigent de l’enfant des choses qu’il n’a pas l’âge de réaliser. Ou alors, ils plaquent les conditions de leur propre enfance sur la sienne sans tenir compte du contexte différent dans lequel il évolue. Ils ne comprennent pas ou ne cherchent pas à comprendre ce que l’enfant ressent. Ils dénient sa peine ou s’exaspèrent de ses plaintes : « tu n’as aucune raison de pleurer ou de te plaindre », « il y a plus malheureux que toi ».

5 – Être progressivement responsabilisé et sentir en face de soi des limites réalistes

Des limites réalistes passent par une affirmation personnelle des parents qui expriment leurs besoins et valeurs et redirigent le comportement de l’enfant sans violence.

Lire aussi : Les enfants respectent les limites parce qu’ils respectent la personne qui les exprime.

En parallèle, donner des responsabilités à hauteur d’enfant, c’est lui donner les moyens d’avoir confiance en lui en se sentant utile, désiré, faisant partie de la famille, pouvant y contribuer par ses actions. Cela suppose donc que les parents aient pris le temps de le lui montrer ou de le lui expliquer dans un langage accessible. Il doit avoir la possibilité de se tromper et de recommencer.

6 – Être éveillé et aidé à développer sa curiosité

Les enfants se développent principalement par imitation. Avoir des parents ouverts et curieux suscitera chez lui l’intérêt pour le monde. Un enfant qu’on a intéressé au monde extérieur est confiant.

7 – Sentir autour de soi de la stabilité

La stabilité ne dépendant pas toujours des parents. Tous les besoins cités plus haut sont concernés par le besoin de stabilité :

• L’affection ne doit pas, par exemple, fluctuer avec le vécu des parents.

• La valorisation et la compréhension doivent, elles aussi être stables, ainsi que la protection physique et psychique.

• Les limites sont affirmées dans un langage personnel, solidement appuyées sur les besoins et les valeurs des parents qui se sont occupé du sens de leur vie et qui ont passé leurs croyances au tamis du sens (lire : L’éducation bienveillante, ce serait ne jamais dire non aux enfants ?)

• La responsabilisation doit croître peu à peu en fonction des capacités des enfants et participer à construire la conscience de l’enfant de sa force et de ses possibilités.

 

La thérapie des schémas précoces d’adaptation n’est pas un manuel pour bien éduquer les enfants mais une manière de comprendre en quoi des besoins fondamentaux insatisfaits dans l’enfance de manière récurrente peuvent mener à des croyances infondées, qui font souffrir à l’âge adulte.

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Source : Comment ne pas se gâcher la vie (Guide pour s’aider soi-même) de Stéphanie Hahusseau (éditions Odile Jacob). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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