L’importance capitale de l’auto régulation émotionnelle

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L’auto régulation émotionnelle est la capacité que peuvent développer les enfants à réguler leurs émotions fortes avant qu’elles ne les submergent (ex : la colère qui devient de la violence; la peur qui devient de l’anxiété; la tristesse qui devient de la déprime).

L’auto régulation est une condition de la résolution des conflits sans violence car l’enfant n’est plus son émotion mais prend conscience qu’il ressent cette émotion et devient capable de réfléchir à nouveau. Une fois ses émotions fortes régulées, un enfant (ou adolescent) peut définir ses besoins, les communiquer aux autres, envisager le point de vue des autres personnes impliquées et échanger pour trouver des solutions gagnants/ gagnants.

6 pistes pour développer l’auto régulation émotionnelle chez les enfants et adolescents

Dans son livre Le syndrome du selfie, Michele Borba propose plusieurs pistes pour développer l’auto régulation chez les enfants et adolescents :

1.Incarner soi-même en tant qu’adulte l’auto régulation

Pour apprendre à votre enfant comment réguler ses émotions, vous êtes le meilleur modèle. Après une rude journée, comment vous comportez-vous devant votre enfant ? Si vous êtes au volant et qu’une voiture vous coupe la route ? Si votre banque vous annonce un découvert ? Quoi qu’il arrive, nos enfants nous observent. Il est judicieux de s’assurer que notre comportement est bien celui que nous souhaitons qu’ils reproduisent. – Michele Borba

2.Respecter les particularités de chaque enfant

Certains enfants vont préférer s’isoler en cas de tristesse plutôt que d’être consolé; certains enfants ne supportent pas d’être touchés pendant une crise de colère; d’autres vont être complètement bouleversés face à une personne en détresse; d’autres encore vont montrer leur stress avec de violents maux de tête ou de ventre.

Il est donc important de se “brancher” sur l’enfant en particulier qu’on a devant nous pour ne pas imposer une solution prête à l’emploi. Observer les besoins particuliers permet d’être plus empathiques envers cet enfant-là et donc plus efficace.

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3.Identifier les alertes dans le corps

Nous pouvons expliquer aux enfants que nous avons tous des signaux physiques dans notre corps qui nous alertent sur notre état de tension et nous indiquent que nous avons besoin d’évacuer cette tension, sinon on risque d’exploser.

Nous pouvons aider les enfants à reconnaître les signaux envoyés par le corps :

  • la sensation de chaleur aux joues
  • des tensions dans le corps (muscles raides, mâchoires qui se serrent, poings qui se contractent),
  • le cœur qui s’emballe
  • la respiration saccadée ou difficile
  • l’estomac barbouillé
  • la bouche sèche…

En cas de crise émotionnelle, nous pouvons refléter à l’enfant ce qui se passe dans son corps du type “Je vois que tu serres les poings. J’ai l’impression que c’est la colère qui monte en toi. C’est ça ?”.

Plus les enfants sont conscients de leur stress dès le début de sa manifestation, mieux ils s’autorégulent. – Michele Borba

Pour aller plus loin : Intelligence émotionnelle et résilience : construire un vocabulaire riche autour des sensations, bénéfique tant pour les adultes que pour les enfants 

4.Donner un nom précis et une note à l’émotion

Donner des mots de vocabulaire précis pour identifier ce qu’il ressent augmente sa conscience de l’émotion. Au départ, il est possible de nommer les 4 émotions de base (peur, colère, tristesse, joie) puis d’élaborer le vocabulaire (“J’ai l’impression que tu es très énervé, on peut dire que tu es excédé” ou “Je te vois soucieuse, tu es préoccupée ?”). Des mots décrivant des émotions secondaires peuvent également venir compléter ces émotions de base (la honte, la confiance, la jalousie, la trahison…).

Quand une émotion forte traverse l’enfant, on peut lui suggérer de la nommer puis de l’évaluer avec un note entre 1 et 10 (1 = émotion faible et 10 = émotion intense). Une colère avec une note de 9 ou 10 serait comme un volcan en éruption.

5.Savoir s’arrêter pour se calmer si besoin

Il est possible de montrer à l’enfant quelques exercices de respiration qui l’aideront à réguler ses émotions quand elles sont fortes (au-delà de 5 par exemple). Ces exercices seront montrés en dehors des crises émotionnelles afin que l’enfant les maîtrise et les connaissance suffisamment pour pouvoir les mobiliser en cas de besoin. L’idée est que l’enfant réalise ces exercices jusqu’à ce qu’il évalue son émotion à 3 ou moins. C’est l’expiration lente et profonde qui provoque l’apaisement.

  • La respiration côte à côté : assis dos à dos, les bras de l’adulte imbriqués dans ceux de l’enfant au niveau des coudes, respirer ensemble. L’enfant sentira la respiration profonde de l’adulte et ajustera la sienne pour qu’elle ralentisse.
  • La respiration ballon : l’enfant est allongé sur le dos et place un doudou ou une boule de papier sur son ventre. Il respire en gonflant le ventre à l’inspiration en sentant l’objet monter puis redescendre à l’expiration. Il recommence jusqu’à se sentir calme.
  • La respiration de la bougie : l’enfant imagine une bougie devant lui et doit faire danser sa flamme sans l’éteindre en soufflant dessous longuement et doucement.
  • La respiration bulles : avec les plus petits, il est possible de jouer à faire des bulles avec un flacon à bulles imaginaire à souffler.

Certains enfants ne seront pas à l’aise avec les exercices de respiration et préféreront peut-être d’autres stratégies d’apaisement :

  • imaginer un endroit calme en visualisation mentale
  • se parler avec des mots d’affirmation personnelle (se dire “Stop, je me calme” ou “Je suis capable de gérer”)
  • regarder une boule à neige renversée
  • bouger (taper des pieds, sauter, crier, courir…)

D’autres idées : 28 stratégies sensorielles pour enfants agités, stressés, déconcentrés (pour la classe et la maison)

6.Trouver des solutions à court terme et long terme

Il est possible de présenter une approche très simple de résolution de problème aux enfants en trois temps :

1. identifier le problème : “Là, j’ai un problème quand…”

2. identifier les émotions : “Je me sens…” ou “Je me suis senti.e…”

3. chercher des solutions à court terme puis à long terme : “Une solution possible sur le court terme serait de…” puis “Une solution possible sur le long terme serait de…”

Pour Michele Borba, le foyer est le meilleur apprentissage pour l’apprentissage de l’auto régulation et encourager ses efforts tout en montrant l’exemple en tant que parent l’aide à prendre l’habitude de se calmer par lui-même.

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Source : Le syndrome du selfie : comment aider votre enfant à aller vers les autres et à être plus heureux ? de Michele Borba (éditions JC Lattes). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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