Accompagner les besoins des enfants (plutôt que parler de caprices)

caprices besoins des enfants

Les enfants sont démunis pour gérer ce qu’ils ressentent 

Dans son livre J’ai juste besoin d’être compris ! Comprendre les comportements dérangeants chez l’enfant et l’adolescent, Joël Monzée rappelle qu’il y a souvent de la maladresse chez les enfants pour gérer ce qu’ils ressentent. Non seulement les enfants manquent de compétences d’autorégulation émotionnelles (liées à leur manque d’expérience et à l’immaturité de leur cerveau), mais ils connaissent également beaucoup de situations où ils doivent se couper de leurs besoins et émotions, notamment lors du temps passé en collectivité (ex : se retenir pour aller aux toilettes, ne pas pouvoir boire à volonté, être dérangé par le bruit pour faire la sieste ou travailler, être bousculé ou mis à l’écart des jeux…). Les crises naissent parce que l’enfant n’a juste plus les moyens de gérer seul un excès d’émotions, nées de ces moments vécus avec difficulté

Nous nous étonnons parfois du moment où ils manifestent un comportement dérangeant. Si nous nous rappelons que leur objectif est juste de se faire aimer, mais qu’ils n’arrivent pas toujours à bien gérer leurs enjeux relationnels, voire affectifs, nous mettrons moins de charge émotionnelle dans nos interventions. Il s’agit d’essayer de les aider à décoder leur comportement dérangeant, leur langage corporel aussi pulsionnel que nécessaire pour maintenir leur équilibre psychologique. Cela ne veut pas dire qu’il faut accepter ce langage, mais, en essayant de le comprendre, on peut alors agir sur la source. Si vous saviez à quel point les enfants, et encore plus les adolescents, ont besoin de se comprendre, de comprendre leur propre langage. – Joël Monzée

Savoir reconnaître les signes annonciateurs des crises 

Souvent, il y a des petits signes qui annoncent les crises émotionnelles des enfants :

  • des soupirs,
  • des grognements,
  • des coups de pied sur le sol,
  • des bras croisés sur le thorax,
  • des poings fermés,
  • des périodes de bouderie
  • des gestes agressifs envers ses jeux ou des lancers d’objets.

Si les parents apprennent à décoder les signes corporels, ils pourront intervenir avant que l’enfant n’explose et lui montrer comment exprimer ses émotions sans avoir besoin de passer par des comportements inappropriés. Si les adultes ne voient pas les prémisses ou ne savent pas les décoder et les accueillir, la crise sera alors nécessaire pour que l’enfant s’apaise. Il se peut que l’enfant utilise des gestes agressifs (mordre, pincer, tirer les cheveux, griffer ou frapper) précisément pour que l’adulte comprenne son besoin de soutien et de contact. la crise est alors à la fois le moyen qu’a l’enfant de se décharger mais aussi une manifestation d’attachement, une sorte d’appel à l’aide pour que l’adulte prenne en charge sa détresse.

Parfois, un enfant cherche inconsciemment à “faire fâcher” ses parents pour déclencher les pleurs salvateurs, qui soulageront sa tension et attireront la présence parentale.

Apprendre à accompagner le besoin (pas le caprice) d’un enfant est l’un des plus beaux cadeaux que l’on peut lui offrir… C’est la qualité de présence qui est la base du dialogue dont l’enfant se nourrit pour grandir. – Joël Monzée

Les besoins de surface ressemblent à des caprices 

Joël Monzée écrit que ce que les adultes appellent un “caprice” cache un besoin qu’il appartient au parent d’identifier, car l’enfant en est encore incapable. Un besoin de surface, c’est un comportement qui nous paraît être un caprice et c’est précisément pour cela que nous le trouvons agaçant. Par exemple, la jalousie peut être décodé en termes d’émotions et de besoins. Une fillette qui dit qu’elle veut une poupée comme sa copine ne réclame pas forcément cette poupée ou n’est pas forcément jalouse de son amie. Ses mots expriment simplement le fait qu’avoir vu cette poupée lui a donné envie d’une poupée similaire pour jouer à la maison car cette poupée permet des choses que ses poupées actuelles ne lui permettent pas. Se relier à la fillette revient à comprendre son raisonnement : « Je me sentirais certainement plus heureuse si j’avais cette poupée », puis tout simplement : « J’aimerais me sentir heureuse quand je suis à la maison. » Il en serait de même pour un garçon qui voudrait la même construction Lego que son meilleur ami pour, au fil de l’échange, déceler que le fils voudrait simplement jouer plus souvent avec son père : « Le papa de mon ami joue souvent au Lego avec lui ; j’aimerais que tu joues avec moi aussi. »

Quand un enfant est entendu et pris au sérieux, ce n’est pas nécessaire d’acheter la poupée ou les Lego. Un parent pourrait simplement reconnaître les envies de l’enfant en les reliant à un besoin plus profond.

Un enfant qui apprend que son amie est allée faire une sortie à cheval peut manifester de la jalousie qui n’a d’autre sens que d’exprimer qu’il aurait aimé en faire avec elle ou avec nous. – Joël Monzée

Quand les adultes portent la responsabilité des comportements inappropriés des enfants

Les enfants (et adolescents) apprennent plus par mimétisme que par consigne, c’est-à-dire qu’ils ne nous écoutent pas toujours, mais qu’ils nous observent toujours !

Parfois, ce sont nos décisions qui, légitimement ou non, peuvent provoquer les comportements dérangeants observés à l’école ou à la maison. Ceci est finalement une bonne nouvelle car nous avons du pouvoir sur notre manière d’interagir avec les autres ! Parfois, nous établissons des règles que nous ne respectons pas nous-mêmes ou alors nos consignes ne sont pas suffisamment claires.

Se pourrait-il que nous ayons nos propres responsabilités en tant qu’adultes dans les conflits entre les enfants ? D’ailleurs, comment s’organisent nos relations sociales ? Se pourrait-il que, parfois, nous nous comportions de manière problématique avec nos enfants ou notre conjoint ? Se pourrait-il que nous soyons en conflit avec un membre de notre famille élargie ou un ami et que nous nous moquions ou que nous rejetions cette personne, plutôt que de tenter une communication vraie avec elle ? Se pourrait-il que dans notre vie professionnelle, certaines relations puissent, parfois, être empreintes d’agressivité et de lutte de pouvoir ? Comment agissons-nous avec nos collègues, patrons et subalternes ? L’enfant pourrait-il mimer nos propres comportements ? Et, par rapport à nos enfants, comment nous positionnons-nous ? Se pourrait-il que, pour retrouver un peu de pouvoir sur sa vie, il puisse s’inscrire dans un rapport de force avec son entourage, voire développer des comportements dérangeants ? – Joël Monzée

Ce que nous pouvons faire pour décoder les comportements des enfants et passer d’une perspective de “caprices” à l’identification des besoins

Des motivations internes de l’enfant…

Si les comportements dérangeants d’un enfant persistent malgré les conséquences (punition à l’école, rejet par les camarades…), il est alors utile d’identifier l’avantage (conscient ou non) que ces comportements lui apportent. Même si les adultes punissent le comportement dérangeant, l’enfant persistera tant que son « bénéfice » sera plus important que les sanctions. Joël Monzée rappelle que de nombreux d’enfants préféreront être vus et entendus à travers des comportements inacceptables plutôt que d’avoir l’impression d’être inexistant, de disparaître ou de ne pas en valoir la peine.

Nous pouvons considérer les comportements comme des moyens de communication et partir à la découverte du message caché derrière une attitude ou un mot exprimé avec maladresse :

  • Quelle est la peur de l’enfant ?
  • Quel est le manque exprimé ?
  • Quel est son besoin ? Quelle est la nature du besoin ? (-> voir la roue des besoins des enfants)
  • Quel est le bénéfice que l’enfant trouve dans le comportement dérangeant qui perdure malgré les sanctions ?

… à la coresponsabilité des parents dans les comportements enfantins 

Joël Monzée nous invite à adopter une perspective de coresponsabilité et à regarder nos propres comportements. Pour ce faire, il propose quatre questions :

  • Que puis-je offrir en tant que parent ?
  • Comment je gère mes propres émotions ?
  • Comment puis-je mieux accepter (et gérer) mon impuissance et mon stress ?
  • Si je ne transforme pas mes interventions pour mieux répondre aux besoins de l’enfant et pacifier nos relations, quels sont mes bénéfices ? qu’est-ce que j’y gagne (ex : une légitimité pour me plaindre auprès d’autrui, une acceptation dans un groupe de parents démunis, un sujet de discussion avec mon conjoint qui s’éloigne de moi, une position de victime qui confirme ma vision du monde…) ?

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Source : J’ai juste besoin d’être compris ! Comprendre les comportements dérangeants chez l’enfant et l’adolescent de Joël Monzée (éditions Le Dauphin Blanc). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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