Faire preuve d’empathie envers les enfants : quels sont les intérêts ? Comment s’y prendre ?

Faire preuve d’empathie envers les enfants n’est pas une baguette magique pour les calmer ou limiter leurs crises. L’empathie aide l’enfant à abandonner ses blocages, ses croyances ou ses appréhensions (par exemple, « je vais me faire rejeter ou humilier »). Faire preuve d’empathie, c’est en quelque sorte devenir « un radar à émotions » (expression de Mehdi Liratni, docteur en psychologie). 

« Je vois, je comprends » est la phrase clé des parents qui souhaitent écouter avec empathie leurs enfants et reconnaître leur douleur et leurs difficultés, sans les culpabiliser d’éprouver des émotions étiquetées comme négatives (en particulier la colère).

faire preuve d'empathie envers les enfants

Comment faire preuve d’empathie envers les enfants ?

Reformuler

La reformulation du parent est un cadeau pour l’enfant qui lui montre que son parent l’a bien écouté. Reformuler les propos de l’enfant en proie à des émotions fortes (colère, tristesse, peur , honte, jalousie…) lui permet de se sentir réellement compris, rejoint dans ce qu’il vit et il peut s’apaiser grâce à la compassion.

 La reformulation des propos vindicatifs, des plaintes ou des phrases fatalistes peut prendre plusieurs formes : 

  • Répéter mot pour mot ce que vient de dire l’enfant (Ok, donc tu …),
  • Reprendre les propos en suggérant des précisions de langage s’il manque de vocabulaire (ce que tu veux dire, c’est que tu t’es senti impuissant quand tu…, c’est ça ?)
  • Formuler des hypothèses de causalité entre des éléments présentés séparément (quand elle a dit ça, tu as pensé ça et c’est pour cela que tu as crié.)

Valider 

Les émotions ne peuvent pas se gérer dans le sens où on ne peut pas les supprimer ou les empêcher d’émerger. La colère, la tristesse, la peur, la honte, la jalousie, le dégoût ou encore l’impuissance sont des vécus difficiles et douloureux, on ne peut que les accompagner avec des phrases du type « Je vois que… et je comprends que… »

Les comportements, eux, peuvent en revanche être redirigés après la connexion émotionnelle. C’est pour cela que l’empathie est si importante : la redirection des comportements est plus efficace après ce temps de compréhension, au cours duquel le parent devient une oreille amie ou une épaule sur laquelle pleurer.

Recontextualiser 

Un enfant en souffrance a tendance à avoir un discours influencé par ses émotions. Cela signifie que les propos sont vagues et que des mots de généralisation abusive sont utilisés : « C’est toujours comme ça », « Tu ne dis jamais oui », « Personne ne m’aime ».  Il ne s’agit pas de les contredire frontalement avec des phrases positives (du type « Mais si, je t’aime. » ou « J’ai dit oui la semaine dernière. »)

Il vaut mieux passer par la recontextualisation pour ramener le discours intérieur de l’enfant sur des éléments plus précis de son vécu. Recontextualiser, c’est à faire décrire contextuellement les différents éléments du vécu après avoir reformuler et valider les émotions au préalable.

Par exemple : « Tu es as marre (reformulation), je peux comprendre, c’est difficile (validation) ! Est-ce que tu peux me dire où et quand ça va mal surtout (recontextualisation) ? »

Les questions qui ramènent vers «  où, qui, quand, comment ? » aident à se focaliser sur des éléments descriptifs moins vagues et à donner un exemple ou une situation précise.

Résumer

Structurer les informations et les organiser permet à l’enfant de comprendre et assimiler ce qui a été abordé. Par exemple : ​ « Ok, si on récapitule, tu te dis que… et tu as l’impression que.. et ça te rend… Par exemple, ça a été le cas quand… D’accord, je vois. » 

Quand le parent n’arrive pas à faire preuve d’empathie

Il arrive que certains parents comprennent intellectuellement l’intérêt d’identifier et de valider les émotions des enfants. Mais il y a une différence entre connaître la théorie et passer à la pratique. Cela nécessite d’inhiber certains réflexes (comme s’empêcher de minimiser les émotions, de contre balancer le discours par la logique ou la morale, d’inciter l’enfant au silence…)

Il se peut que, lorsqu’une émotion forte se présente chez l’enfant, cette dernière génère elle-même une émotion forte chez le parent. Ce dernier se retrouve pris au piège de son propre blocage émotionnel et il n’est plus capable d’accompagner l’émotion de son enfant.

Il est alors utile de découvrir le schéma émotionnel appris dans la propre enfance du parent (en fonction des modèles internes opérants liés au type d’attachement), voire le traumatisme de départ, qui bloque le parent. Cela peut passer par une psychothérapie pour se libérer de ce schéma douloureux. Souvent, reconnaître que cela a été dur de traverser des épreuves dans l’enfance ou l’adolescence aide à mieux comprendre pourquoi c’est si difficile de faire preuve d’empathie envers l’enfant. Certains parents peuvent encore éprouver une peur d’échouer ou avoir honte de se montrer vulnérables, ou bien se trouver démunis parce que les mots empathique ne sortent pas. Se retrouver dans ce cas de figure peut être effrayant, désespérant, décourageant et c’est compréhensible. Ne pas reconnaître les émotions douloureuses des parents, c’est les empêcher d’amorcer un changement s’ils le souhaitent.

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Inspiration :  Adapter la thérapie ACT pour les enfants, les adolescents et leurs parents de Mehdi Liratni (éditions Dunod)