Il fait ses nuits ?

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Les réveils nocturnes des bébés sont normaux !

Dans son livre Grandir heureux, une aventure en famille, Marion McGuinness rappelle que le maternage proximal la nuit permet de répondre aux besoins physiques et affectifs des enfants (besoin d’être entourés, touchés et rassurés). Elle s’étonne qu’en France, nous ayons tendance à croire que dormir avec (ou proche de) son enfant est une mauvaise habitude à lui donner et que le sommeil soit devenu un sujet à ce point tabou et controversé. Pourtant, offrir à un enfant ce dont il a besoin au moment où il en a besoin est la meilleure chose à faire en termes de développement moteur, cognitif et affectif.

Une des questions que tout jeune parent se voit poser dès que l’enfant atteint 1 ou 2 mois est : « Est-ce qu’il fait ses nuits ? » et gare aux conseils plus ou moins avisés pour que le bébé “fasse ses nuits” (alors que les parents auraient surtout besoin d’empathie et de savoir que c’est juste normal qu’un bébé se réveille plusieurs fois par nuit).

D’un point de vue physiologique, le bébé qui se réveille la nuit, pour téter ou pour être réconforté, « fait ses nuits » car ces réveils sont normaux. Mais alors de quelles nuits parle-t-on ? La question devrait plutôt être : le bébé fait-il les nuits de ses parents ?

Les freins au maternage proximal la nuit

Marion McGuinness estime que, considérant la durée très courte des congés maternité et paternité, il n’est pas étonnant que l’enjeu soit fort pour les parents : il faut que l’enfant dorme, sans quoi ils ne pourront pas « tenir » (surtout quand il y a des aînés). C’est alors bien compréhensible que les parents cherchent des moyens pour “faire dormir” les bébés. C’est d’autant plus vrai que la fatigue peut avoir des répercussions violentes sur le couple (disputes), la vie de famille (impatience et manque de bienveillance envers les aînés, risque de « bébé secoué », etc.) et le travail (manque de concentration ou de productivité, erreur, risque d’accident, etc.).

Or il se trouve que ces attentes sociales et professionnelles sont en contradiction totale avec le développement naturel du sommeil et des besoins des jeunes enfants. Ce sont notre organisation sociale et notre culture qui sont à revoir…

Presque tous les parents se demandent en effet comment concilier bienveillance (écoute et respect des besoins du bébé) et vie active. Certains parents choisissent d’aménager leur carrière (voire de réorganiser complètement leur vie à l’arrivé d’un enfant) mais ce choix n’est pas toujours possible ni voulu. Dans ce cas, le sommeil partagé semble la meilleure option pour concilier besoins des parents (sommeil), besoins du bébé (proximité des parents) et valeurs des parents (bienveillance). Quand on y réfléchit, dormir ensemble est ce que nos ancêtres faisaient et ce que de nombreux peuples dans le monde font encore.

Et si le « chacun son lit » ou « chacun sa chambre » n’était qu’une construction culturelle ou politique sans aucun rapport avec le respect des besoins des membres de la famille ? C’est un sujet peut-être encore plus tabou que la question de « faire ses nuits ».- Marion McGuinness

Le sommeil parents/ enfants partagé, une possibilité qui peut soulager parents et bébés

Les déclinaisons du sommeil partagé

Le « sommeil partagé » recoupe 3 situations différentes les plus courantes :

  • le partage d’une même chambre, les parents dans un lit, l’enfant dans un autre (ou alors des matelas posés à même le sol sur lesquels tout le monde dort) ;
  • le partage du même lit familial, c’est ce qu’on appelle le « cododo » ;
  • le partage d’une même chambre, avec un lit cododo accolé au lit parental (sans espace entre les deux).

D’autres modalités peuvent être envisagées selon les besoins et organisation de chaque famille (par exemple, la mère dort avec l’enfant dans une chambre à part).

Les avantages du sommeil partagé

Dormir ensemble, dans la même chambre ou le même lit, présente plusieurs avantages :

  • moins de fatigue pour les parents (qui n’ont pas besoin de se lever)
  • plus de confort pour l’enfant (qui sent, touche et entend ses parents)
  • une protection de l’allaitement maternel (les tétées nocturnes sont cruciales pour la mise en place et la stimulation de la production de lait maternel)
  • un impact positif sur l’attachement, non seulement du duo mère-enfant, mais aussi du père envers la mère et envers son enfant

Les règles pour une sommeil partagé en sécurité

Marion McGuinness rappelle que nos modes de sommeil occidentaux – avec oreillers, couettes – et nos modes de vie (alcool, cigarette…) rentrent parfois en conflit avec les règles de sécurité fondamentales pour le sommeil partagé. L’Unicef conseille le sommeil partagé jusqu’aux 6 mois de l’enfant, au moins pour réduire les risques de mort subite du nourrisson et pose des règles de sécurité précises. Il existe des bonnes pratiques à destination des parents afin de les aider à mettre en place un sommeil partagé en toute sécurité. :

  • Ne jamais partager son lit (cododo) avec son enfant si :
    • l’un ou l’autre des parents est fumeur ;
    • l’un ou l’autre des parents a consommé de l’alcool, de la drogue ou tout médicament qui peut altérer l’état de conscience ;
    • l’un ou l’autre des parents est épuisé et risque de ne pas être en état d’entendre le bébé et de répondre à ses besoins.
  • Veiller à ce que l’installation soit à la fois sécuritaire et confortable pour tous :
    • enfant placé du côté de la mère ;
    • enfant en gigoteuse ou surpyjama, mais pas recouvert par la couette ou la couverture du lit ;
    • en cas de lit cododo, aucun espace entre les deux matelas ;
    • en cas de partage de lit, aucun oreiller, coussin, doudou ne doit gêner l’enfant ;
    • en cas de partage de lit, le matelas doit être ferme, plat, sans aucun espace entre le matelas et le cadre du lit ou le mur.
  • Température de la pièce inférieure à 19 °C ;
  • Aucun animal dans la chambre.

Il est important de noter que les conseils encadrant la pratique du cododo (sommeil partagé dans un même lit) s’adressent aux parents qui ont choisi l’allaitement maternel, car cette pratique est en soi aussi un facteur de protection de la santé de l’enfant.

Pour un bébé non allaité, il est conseillé de prévoir un lit à part, que ce soit un lit cododo (en « side-car ») ou un berceau ou lit à barreaux, à part, dans la chambre parentale.

Recommandations pour les bébés allaités

Marion McGuinness avertit de potentielles situations à risque si l’enfant dort dans sa propre chambre en étant allaité. Par exemple, la mère pourrait s’endormir sur un fauteuil alors que le bébé tète dans ses bras. Il est préférable d’installer un matelas au sol sur lequel s’étendre pour allaiter, sans mettre l’enfant en danger en cas d’endormissement. Ceci est d’ailleurs aussi valable pour les biberons dans une moindre mesure.

Par ailleurs, l’allaitement permet la libération dans le corps d’hormones de plaisir et de relaxation qui, la nuit, aident la mère à se rendormir rapidement ou même à donner le sein dans un demi-sommeil.

 

En conclusion, on comprend bien le problème posé par les méthodes pour dormir (du type 15-10-5) qui s’apparentent plus à du dressage qu’à autre chose. Ces méthodes partent du principe que l’enfant ne sait pas dormir, ou que le parent est responsable de son incapacité à dormir « convenablement », comme si le sommeil hachuré d’un bébé posait problème en soi et n’était pas normal.

Mais il n’y a pas de problème quand un enfant se réveille la nuit ou a besoin de contact physique pour dormir : c’est normal ! Et s’il n’y a pas de problème, il n’y a pas besoin de solutions ! – Marion McGuinness

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Source : Grandir heureux, une aventure en famille (le guide pratique d’éducation positive) de Marion McGuinness (éditions Mango). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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