Les enfants peuvent représenter une source de mal-être pour certains parents : les signes de la dépression et des pistes pour reprendre du souffle au quotidien

Les enfants peuvent représenter une source de mal-être pour certains parents

Quand on s’enfonce dans l’épuisement parental

Dans leur livre Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent, Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci regrettent qu’il soit parfois honteux pour un parent d’avouer à son médecin que les enfants représentent une source d’anxiété, de mal-être.

Nathalie Franc est pédopsychiatre, spécialisée dans les troubles du comportement chez les enfants et adolescents et Raphaëlle Scappaticci est docteur en psychologie. Elles reçoivent en consultation beaucoup de parents dont les enfants ont des troubles du comportement. De nombreux parents témoignent qu’ils ne se sentent bien que sur le lieu de leur travail, et que dès l’heure d’aller chercher leur enfant à l’école s’approche, ils commencent à ressentir les signes physiques de l’angoisse : maux de ventre, mauvaise respiration, pensées négatives. Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci  rappellent que ces syndromes sont ceux du burn-out dans ses commencements (par exemple, quand il s’agit d’épuisement professionnel, les symptômes reprennent le dimanche soir à la perspective se retourner travailler, et disparaissent pendant les vacances). Quand le stress chronique est installé, il existe un effet d’épuisement généralisé, faisant le lit de la dépression.

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci racontent que, pour certaines familles, les week-ends et vacances sont des périodes particulièrement à risque. Elles relatent l’histoire d’un enfant évalué en urgence en pédopsychiatrie car sa mère avait fait une tentative de suicide. Le facteur déclenchant était le fait que les grandes vacances démarraient et que la mère n’avait pas trouvé de solution pour faire garder son enfant (qui était déjà exclu du centre aéré du fait d’un comportement difficile).  Ainsi, il ne faut jamais banaliser la souffrance et la difficulté des parents.

Les signes de la dépression

Certains signes d’appel peuvent faire penser à une dépression majeure :

  • humeur triste (dépressive) la plus grande partie de la journée,
  • diminution de l’intérêt ou du plaisir pour les activités,
  • perturbation du sommeil (insomnie ou hypersomnie),
  • perturbation de l’appétit (prise ou perte de poids),
  • agitation ou ralentissement,
  • fatigue ou perte d’énergie,
  • sentiment de dévalorisation ou culpabilité excessive,
  • diminution de l’aptitude à penser ou à se concentrer ou indécision,
  • pensées de mort ou idées suicidaires.

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci expliquent que le fait de présenter 5 symptômes dans cette liste permet de poser un diagnostic de dépression. Même si les 5 critères ne sont pas tous remplis (seulement 3 ou 4), il est nécessaire de se faire aider par un psychiatre. On estime qu’environ 15 % de la population a présenté ou présentera un épisode dépressif caractérisé dans sa vie; il n’y a donc pas de honte à avoir à présenter des signes de dépression et à se faire aider. C’est d’autant plus important que la prise en charge de la dépression des parents modifient la relation avec leurs enfants via une meilleure capacité à prendre de la distance et à gérer les crises.

Des pistes pour reprendre du souffle au quotidien quand la parentalité devient souffrance (notamment avec un enfant qui présente des troubles du comportement)

En parallèle d’une prise en charge thérapeutique, Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci  proposent quelques pistes pour reprendre du souffle au quotidien quand la parentalité devient souffrance (notamment avec un enfant qui présente des troubles du comportement).

S’occuper de son couple

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci avertissent qu’avoir un enfant qui présente des troubles du comportement est un facteur de risque de conflits parentaux pouvant aller jusqu’à la séparation du couple parental. Elles ajoutent que, si les parents ne parviennent pas à s’ajuster et à définir une stratégie commune de non-escalade, le risque de conflit entre eux est grand.

Reprendre une vie sociale

Se relier aux autres permettra de communiquer sur les difficultés de l’enfant et d’être aidé si besoin. De plus, les contacts sociaux protègent du risque de dépression.

Apprendre à réguler ses émotions de parents (ne pas rejoindre les enfants dans leur chaos)

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci rappellent que la capacité à gérer ses émotions dépend d’un ensemble de facteurs, certains peuvent être de nature génétique (chaque individu présente une vulnérabilité différente) mais aussi contextuelle.

Il peut être utile, en tant que parents, de connaître des facteurs qui peuvent fragiliser la gestion émotionnelle comme :

  • la dépression,
  • le manque de sommeil,
  • une alimentation déséquilibrée,
  • le manque d’activité physique,
  • excès de stimulants : café, tabac…
  • la prise d’alcool,
  • autres facteurs stressants : surmenage au travail, conflits.

Les thérapeutes notent que certains parents appréhendent les soirées à passer avec leurs enfants et auront tendance à fumer davantage, prendre quelques verres d’alcool pour se sentir apaisés.

Repérer les facteurs de risque et les déclencheurs émotionnels présents dans le quotidien est un premier pas avant d’essayer de les supprimer. Un accompagnement thérapeutique peut se révéler nécessaire. Apprendre à réguler ses émotions de parents, c’est aussi s’occuper du sens de sa vie et peut-être prendre des décisions importantes pour changer l’organisation familiale et personnelle (ex : changer de travail).

Lire aussi : Le cerveau des enfants se construit en relation (traiter la mémoire traumatique des parents agit sur les comportements problématiques des enfants)

Développer l’intelligence émotionnelle des enfants

Développer l’intelligence émotionnelle des enfants, c’est accompagner les frustrations des enfants et les aider dans l’expression de leurs émotions.

J’ai rédigé de nombreux articles sur le sujet :

Passer du temps de qualité en famille

Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci conseillent aux de ne pas renoncer aux sorties familiales, même si des risques de crise existent : magasins, centres commerciaux, cinéma, fêtes… Le fait qu’une crise survienne est un mauvais moment à passer mais ce n’est pas un échec en soi : simplement un apprentissage qui va être long mais nécessaire. Toutefois, cela ne peut se faire que si les parents ont récupéré un niveau d’énergie suffisant (via une prise en charge thérapeutique si nécessaire) et si les enfants ont été sensibilisés à des outils de régulation émotionnelle.

Lire aussi : Faire face aux crises des enfants au supermarché

Des exercices issus de la psychologie positive peuvent également aider, comme le fait de noter tous les soirs les trois “kifs” du jour.

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Source : Faire face aux crises de colère de l’enfant et de l’adolescent de Nathalie Franc et Raphaëlle Scappaticci (éditions Ellipses). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet.

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