11 informations étonnantes sur les émotions

L’intelligence émotionnelle est la capacité à identifier les émotions (les siennes et celles des autres), à reconnaître les effets des émotions et à utiliser les informations fournies par les émotions pour guider les actions.

On a coutume de nommer 6 émotions primaires :

  • la peur (qui alerte sur un danger ou l’inconnu)
  • la colère (qui alerte sur une frustration, une injustice ou une atteinte de l’intégrité)
  • la tristesse (qui alerte sur une perte et vise à attirer le réconfort)
  • l’amour (qui est l’émotion du lien)
  • le dégoût (qui alerte sur la nocivité ou le viol)
  • la joie (qui est l’émotion de la réussite, de la rencontre)

Voici onze informations utiles pour cultiver cette intelligence émotionnelle.

1.L’intelligence émotionnelle commence par le fait de se poser les bonnes questions.

Raisonner en termes de besoins (sur lesquels les émotions attirent l’attention) permet d’adopter une nouvelle perspective sur soi et sur les autres :

  • Quel est le problème sous-jacent ? Quel(s) besoin(s) insatisfait(s) ce problème révèle-t-il ?
  • Quel est mon niveau de pouvoir sur ce problème ? Comment nourrir la part non nourrie en moi ou en l’autre révélée par les émotions ?

2.On ne peut pas contrôler l’apparition des émotions. Mais on a du pouvoir sur les réactions émotionnelles.

La nature ne nous aurait pas dotés d’émotions si elles n’avaient pas un rôle dans notre survie. La survenue des émotions est un phénomène chimique dans l’organisme sur lequel nous n’avons pas de prise. La pleine conscience et la méditation nous enseignent justement à accepter les émotions comme des visiteuses passagères qui nous renseignent sur nous-mêmes. Il n’est jamais question de réprimer, nier ou minimiser les émotions, y compris la colère qui a une valeur réparatrice face à une injustice ou une attaque de l’intégrité (physique et/ou morale).

En revanche, il est possible de reconnaître l’émotion pour ce qu’elle est, de reconnaître le besoin non satisfait sur lequel cette émotion attire l’attention et d’y répondre de manière non violente. Colère et violence ne sont pas synonymes.

Lire aussi : Transformer la colère en relation positive avec la Communication Non Violente.

3.On se perçoit généralement très différemment de la manière dont les autres nous perçoivent.

Tous les humains sont animés par des besoins fondamentaux et des émotions identiques. Ce qui diffèrent est la manière de satisfaire les besoins insatisfaits. Chaque personne a toujours une “bonne” raison d’agir comme elle le fait (“bonne” est à comprendre comme légitime aux yeux de la personne, comme adaptée pour augmenter son niveau de bonheur en satisfaisant ses besoins).

Voici une liste de quelques besoins fondamentaux :

besoins fondamentaux cnv

Mais ces stratégies peuvent entrer en conflit : le fait de satisfaire un besoin peut empêcher une autre personne de satisfaire les siens etc… Cette dernière va alors juger la première comme irrespectueuse/ égoïste/ malpolie… tandis que la première va penser la même chose de la dernière si celle-ci lui fait part de ses critiques qui vise à l’empêcher de satisfaire ses besoins.

Ainsi, quand les stratégies adoptées ne prennent pas en compte les émotions et les besoins des autres, un cercle vicieux se met en place, à base de jugements et de critiques.

4.L’empathie adossée à l’éthique est la clé des relations humaines apaisées.

L’empathie est la capacité à reconnaître les émotions de l’autre en sachant qu’il est distinct de moi et  de comprendre les raisons pour lesquelles l’autre ressent ce qu’il ressent.

L’empathie permet autant d’aider que de manipuler. En effet, l’empathie n’est pas toujours positive : la capacité à percevoir et comprendre les émotions d’autrui peut être mise au service du désir d’emprise et de manipulation.

Ce qui fait la différence, c’est le sens moral et l’éducation.

Certains chercheurs sur le sujet de l’empathie utilisent un autre mot pour désigner la forme d’empathie adossée à l’éthique : la compassion. La compassion est l’empathie considérée comme l’attention ou la préoccupation sincère et désintéressée de l’autre, la solidarité, l’entraide.

5.L’intelligence émotionnelle est un apprentissage qui demande (beaucoup) de temps.

Les neurosciences ont montré que le cerveau humain est plastique. Cela signifie que nous pouvons créer de nouvelles connexions neuronales à tout âge. Des neurones qui s’agitent ensemble se lient, créant des sortes de “chemins” dans le cerveau.

A l’image d’une forêt sauvage dans laquelle on viendrait créer des sentiers à force de passer et repasser au même endroit, des comportements répétés créent des connexions neuronales de plus en plus fortes (et ainsi des réactions automatiques apprises). De même que des sentiers peu empruntés finissent par être recouverts d’herbe sauvage, les connexions neuronales peu utilisées finissent par se défaire.

On comprend donc l’importance de la pratique dans le renforcement de l’intelligence émotionnelle : cela ne se fait pas en un jour… et peut se défaire sans pratique régulière.

6.Les jugements et critiques peuvent être envisagés d’un point de vue positif.

Marshall Rosenberg, fondateur du processus de Communication Non Violente, nous indique que tous les jugements et toutes les critiques sont l’expression tragique de besoins non satisfaits.

Entendre le besoin derrière la critique est donc un élément de communication apaisée. Entendre son propre besoin insatisfait et réfléchir à la manière de le nourrir est un moyen d’éviter de faire des critiques.

La Communication Non Violente nous invite à exprimer nos émotions en messages je (“je ressens de la colère”, “je suis triste”, “j’ai peur”…) et de faire part de nos besoins (“j’ai besoin de sécurité/ de compréhension/ de respect/ de lien/ d’authenticité…) avant de faire des demandes dans un langage positif d’action (“serais-tu d’accord pour… ?”, “je te demande de…”). Ce processus se déroule dans une approche empathique : une demande n’est jamais un ordre et l’autre a le droit de dire non. On pourra alors entendre le besoin derrière ce non et reformuler le besoin de l’autre afin de s’assurer qu’on a compris ce qu’il ressent. L’idée est de trouver une solution gagnant/ gagnant qui puisse satisfaire les besoins des uns et des autres dans une attitude respectueuse et non violente.

Lire aussi : Apprendre à raisonner en termes de besoins : un premier pas vers la non violence.

7.Il est possible d’émettre des demandes sans juger ni critiquer.

La différence entre une demande (requête) et une exigence (ordre) se fait à la manière dont la personne va vous traiter si vous ne faîtes pas ce qu’elle vous a demandé. – Marshall Rosenberg

Les deux seules questions claires auxquelles nous devons répondre pour formuler une requête claire sont :

  • Que voulons-nous que les autres fassent différemment ?
  • Pour quelles raisons voulons-nous qu’ils le fassent ?

Ces deux questions doivent être formulées dans un langage d’action positif : quelle ACTION spécifique voulons-nous que cette personne fasse ?

Les requêtes du type : »Je veux qu’elle se sente… », « Je veux qu’elle soit… », « Je veux qu’elle m’écoute » sont inefficaces car ces verbes (se sentir, être, écouter) ne sont pas des verbes d’action !

En Communication Non Violente, le dialogue va toujours porter sur une solution pour

  • créer une relation où personne n’a l’impression qu’on donne des ordres,
  • prendre conscience que ce que l’on demande est une requête mais pas une obligation à caractère autoritaire péremptoire.

Cela peut passer par des questions du type à se poser à soi-même :

  • « Comment puis-je demander de…  sans que l’autre ne le prenne comme un ordre ? »
  • « Comment puis-je dire ce que j’ai envie de faire aujourd’hui sans que l’autre ne le prenne comme une exigence à laquelle il doit résister à tout prix? »

8.Les émotions douloureuses, désagréables sont aussi légitimes que les émotions agréables, dites “positives”.

Les émotions sont des guides fidèles. Ce sont elles qui nous mettent en action et sont indispensables à la vie humaine car elles nous aiguillent sur la réaction la mieux adaptée à notre environnement.

Une émotion est à considérer comme une réaction du corps à un stimulus : elle nous indique la nature de la situation (la présence d’un danger éventuel, une souffrance, une réjouissance…) et comment il convient d’y répondre.

Il n’existe pas à proprement parler d’émotions négatives ou positives. Toutes les émotions ont une fonction. C’est ce que l’on va donner comme sens à l’émotion qui en fera une émotion agréable ou désagréable. Toutes les émotions ont une valeur importante, sans connotation. – Jeanne Siaud-Facchin

Les émotions sont des indices sur soi.

9.Le chemin pour cultiver l’intelligence émotionnelle n’est pas toujours agréable.

Thomas d’Ansembourg a très justement intitulé un de ses livres : Etre heureux n’est pas nécessairement confortable !

Dans ce chemin vers la compréhension des émotions, nous rencontrerons des difficultés : difficultés à accueillir les émotions sans les réprimer, difficultés à accueillir la colère sans tomber dans la violence, difficulté à formuler des demandes plutôt que des ordres, difficulté à faire la différence entre émotions primaires légitimes et décharge de stress…

Parfois, les difficultés viendront de l’entourage : une personne entendra un ordre quand on a voulu formuler une demande, les autres se méfieront de cette volonté de les comprendre et de faire preuve d’empathie envers eux (peu habitués que nous sommes en tant que société à accepter la compassion et la vulnérabilité)…

Pour nous aider sur ce chemin, la lecture régulière de livres, d’articles de presse, de blogs, le visionnage de vidéos, de conférence ou de films, les échanges (réelles et/ou virtuelles) avec des personnes engagées sur ce même chemin peuvent être très utiles.

L’auto empathie et l’auto bienveillance sont également des compagnes efficaces.

10.Une bonne maîtrise de la théorie ne se traduit pas automatiquement par un niveau d’intelligence émotionnelle élevée.

Comme dans tous les domaines, le passage de la théorie à la pratique n’est pas si aisé ! L’intelligence émotionnelle n’a de valeur que dans la pratique.

Pour aller plus loin : Alphabétisation émotionnelle : 7 étapes pour cultiver notre intelligence émotionnelle

étapes alphabétisation émotionnelle

11.L’intelligence émotionnelle n’a pas de valeur éthique en soi.

Cultiver l’empathie naturelle permet de développer tout le registre émotionnel qui permet de comprendre les émotions (les siennes et celles des autres) et ce processus doit se faire dans une visée éthique. Cultiver l’empathie doit être mis au servie de la compassion.

En fin de compte, cultiver son intelligence émotionnelle, c’est faire en sorte que les émotions apportent du “plus” dans la vie, qu’elles “travaillent” pour nous plutôt que contre nous et dans une visée à portée globale (pour soi, pour les autres, pour le vivant, pour la nature).

Comme le dit Thomas d’Ansembourg, un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant. Nous pouvons cultiver notre propre intériorité pour gagner en bien-être et cela rejaillit sur la qualité de relation avec les autres dans un cercle vertueux de bienveillance au monde.

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source (en anglais). Traduction et adaptation libres.