La honte et la culpabilité : deux sonnettes d’alarme à accueillir pour mieux nous connaître (et nous aimer)

honte culpabilité

Diane Baran, formatrice en Communication Non Violente, écrit dans son livre que la honte et la culpabilité sont des sonnettes d’alarme à prendre en compte quand nous les ressentons.

Ces états internes ne sont pas à proprement parler des émotions primaires. Ils proviennent principalement de nos conditionnements culturels (la honte est un puissant outil de contrôle social). En Communication Non Violente, la honte et la culpabilité sont considérés comme des alarmes qui signalent que nous sommes coupés de nos valeurs importantes et alertent sur des besoins insatisfaits, sur des aspirations perdues, sur une conviction non mise en œuvre, sur un désalignement entre nos buts et nos actes.

La honte et la culpabilité peuvent nous priver de notre élan vital et risquent de nous conduire à l’épuisement ou à la dépression. De tels ressentiments qui nous figent dans le passé nous empêchent la plupart du temps de mobiliser nos ressources intérieures et d’agir dans le présent. – Diane Baran

La honte

La honte est un mélange d’émotions simples (peur et tristesse) et de sentiments (impuissance et désespoir). Cet état interne vise à réguler les relations sociales en signalant les limites à ne pas dépasser dans le groupe social.

Christophe André, psychiatre, estime que la honte est toujours une honte de soi (c’est soi-même que l’on rejette) et la honte est une émotion visuelle (on se représente inlassablement la scène en imagination).

Comme toutes les émotions, la honte a une fonction : elle nous sert à ne pas oublier que, pour avoir sa place dans un groupe humain (famille, amis, micro ou macrosociétés), il y a des règles et des standards à respecter. A petites doses adaptées, la honte peut m’empêcher des commettre des actes antisociaux : mentir, trahir, voler, rudoyer les faibles. Ou, si je les ai commis, de récidiver. Comme la peur peut me rendre plus prudent en me faisant anticiper les dangers, la honte peut me rendre plus conscient en me faisant anticiper les rejets.

Mais tout les émotions peuvent se dérégler. La peur peut se transformer en cette maladie de la peur qu’est la phobie. La honte, elle aussi, peut déraper. Nous ne disposons pas de nom spécifique pour désigner ces “maladies de la honte”. Signe sans doute que les sociétés traditionnelles les toléraient et s’en accommodaient plutôt bien : la honte est un bon moyen de faire tenir les gens tranquilles. – Christophe André

La honte devient destructrice quand elle conduit à s’exclure de son cercle social ou à se confiner dans la paralysie et le désespoir. La solitude et l’isolement nourrissent la honte.

Accueillir les besoins que nous avons tenté de satisfaire en adoptant un comportement qui nous a finalement rendus honteux, permet de transformer la honte en sensation plus apaisante. – Diane Baran

La culpabilité

La culpabilité nous signale que nous jugeons sévèrement ce que nous avons fait. Quand nous éprouvons de la culpabilité, deux parties s’affrontent en nous :

  • celle qui a agi,
  • celle qui vérifie si l’acte que nous avons posé respecte nos valeurs.

La personne qui se sent “culpabilisée” est en tension parce qu’elle sent bien qu’il y a un décalage entre ses valeurs, ses aspirations profondes et ses actes.

La culpabilité est saine lorsqu’elle permet de mieux connaître les valeurs importantes pour soi et quand elle aide à se tourner vers d’autres choix. Elle devient en revanche douloureuse quand les actions accomplies “cabossent” notre vie en nuisant à la qualité de nos relations ou à la poursuite de nos projets, par exemple. – Diane Baran

La culpabilité peut être considérée comme une sonnette d’alarme qui attire notre attention sur un changement à opérer. Une fois le changement opéré pour aligner valeurs et actes, la culpabilité n’a plus d’utilité et disparaît.

Diane Baran rappelle que c’est le deuil de nos besoins insatisfaits qui délivre de la culpabilité. Ce deuil passe par un temps de reconnexion à soi, à nos émotions douloureuses et aux besoins qui n’ont pas pu être satisfaits au moment où nous avons fait l’action que nous regrettons désormais.

Une autre manière de se libérer de la culpabilité peut être de revoir les attentes à la baisse. Certaines de nos attentes sont irréalistes et engendrent une culpabilité néfaste qui provoque de la souffrance. Vouloir être un parent parfait n’a jamais aidé personne, ni les parents ni les enfants. Quand on cherche trop à être parfait, on peut devenir exaspéré de ne pas y arriver (surtout si on a l’impression que les autres y arrivent) et finir par en vouloir à l’enfant de nous empêcher d’atteindre cet idéal de perfection.

Pour aller plus loin : Éducation bienveillante : l’inévitable culpabilité de ne pas y arriver ?

Développer notre intelligence émotionnelle pour mieux comprendre la honte et la culpabilité

La culpabilité et la honte peuvent nous prendre par surprise quand quelque chose qui ne correspond pas à nos valeurs, à ce qui est important pour nous se produit (ex : on crie sur les enfants alors qu’on s’était engagé à ne plus crier) ou que quelque chose ne fonctionne pas. La culpabilité a quelque chose à voir avec la perfection et la difficulté à accueillir ce qui se passe en soi.

Apprendre à reconnaître nos émotions avec vulnérabilité en lien avec nos besoins humains profonds peut prendre du temps mais les discerner et les verbaliser procure une grande sensation de soulagement.

Voici une liste des émotions primaires et de quelques-unes de leurs nuances afin d’arriver à poser les mots les plus justes sur les émotions douloureuses ressenties :

roue vocabulaire des émotions

 

 

Voici une liste de quelques besoins humains fondamentaux :

 

Par exemple, il se peut que nous éprouvions de la culpabilité à l’idée d’avoir crié sur nos enfants ou à la compréhension que certains actes que nous pratiquons (tel que l’isolement forcé des enfants) sont en réalité nocifs pour leur santé mentale. Cette culpabilité est probablement en lien avec des valeurs et des besoins qui nous sont chers (par exemple, besoins de protection de l’enfant, de compétence en tant que parent).

Ressentir la tristesse et peut-être même la peur (peur de ne plus être en lien, peur de causer du dommage à l’enfant, peur de ne pas savoir comment faire autrement par exemple) à la racine de la culpabilité nous permet de tirer les enseignements de nos actions et d’en sortir grandis.

Si nous n’acceptons pas ce travail qui consiste à descendre au fond de nous, alors notre culpabilité peut nous pousser au sur-fonctionnement, c’est-à-dire à devenir rigides, intolérants, intransigeants avec nous-même ou à être trop préoccupés par le contrôle de l’enfant. La culpabilité porté à son paroxysme peut également mener à la dépression ou au burn-out parental.

La culpabilité peut donc être une porte à pousser afin de voir au-delà… encore faut-il l’accueillir avec toute la vulnérabilité qu’elle requiert.

C’est par un accueil profond de nous-mêmes que nous nous libérons de ces carcans et que nous renouons avec l’acceptation et l’amour de soi. – Diane Baran

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Source : J’ai décidé de m’aimer avec la Communication NonViolente : 7 étapes-clés pour cultiver l’amour de soi de Diane Baran (éditions Leduc S). Disponible en médiathèque, en librairie ou sur internet

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