Quand l’aîné agresse son cadet : comment réagir avec bienveillance ?

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Reconnaître et stopper l’agressivité d’un aîné

Un aîné violent avec un petit a besoin de soutien émotionnel et d’enseignement de compétences relationnelles et pas d’une punition. Punir l’aîné parce qu’il a agressé son petit frère ou sa petite soeur a plusieurs inconvénients : les punitions dégradent les relations qu’il entretient avec eux mais dégradent également les relations avec le parent. Dans la tête de l’aîné, il est puni à cause de son cadet et il risque d’accumuler de la rancoeur à la fois contre son frère ou sa soeur et contre ses parents qui ne le comprennent pas, qui n’arrivent pas à décoder le message derrière le comportement.

Si nous acceptons l’idée que c’est l’agresseur qui va mal et qui souffre, quel sens cela aura-t-il de le punir ?

C’est évidemment plus facile à dire qu’à faire car il nous est difficile de donner ce qu’on n’a pas reçu. Par ailleurs, il ne s’agit jamais de laisser un enfant être agressif, violent (ni contre son cadet ni contre personne d’autres). En tant que parent, mieux vaut garder l’œil quand on a remarqué que l’aîné a des tendances à l’agressivité pour l’empêcher physiquement de s’en prendre à son frère ou à sa soeur.

Nous pouvons d’un côté user de la force protectrice pour protéger les plus jeunes mais aussi écouter les émotions de l’aîné pour l’aider à évacuer sa colère et sa tristesse et lui témoigner l’empathie, la compréhension dont il a besoin.

Il s’agit de ne pas enfermer l’aîné dans le rôle du méchant qui tape. Ce type d’étiquette a un effet de prophétie auto-réalisatrice et empêche de se connecter aux motivations de l’enfant (ce qu’il ressent et le pousse à agir ainsi) et de penser en termes d’enseignement de compétences (lui apprendre à poser des mots sur ses émotions, lui enseigner des techniques de régulation émotionnelles…).

C’est quand ils vont mal que vos enfants ont le plus besoin de vous même si vous préféreriez les voir le sourire aux lèvres. Vous leur serez en tous les cas le plus utile quand vous saurez accueillir leurs sentiments pénibles. Vous les aiderez à passer des étapes, à prendre des forces pour faire face à la vie. – Catherine Dumonteil-Kremer

Pour aller plus loin : Quand un enfant tape son frère ou sa soeur

 

Le besoin et le devoir de protection du petit

Le petit a besoin de protection et nous avons de le protéger de toute agression.

L’idéal est d’être à deux adultes dans ce type de situation où l’aîné agresse le cadet : l’un soutient l’aîné et l’autre protège le petit. Malheureusement, c’est rarement le cas. Quand un parent est seul, il peut d’abord empêcher le grand d’agresser le petit (voir le concept de force protectrice) puis dire au petit que personne n’a le droit de le taper.

Dans un deuxième temps, l‘écoute active et empathique peut être pratiquée avec l’aîné qui est en souffrance et/ou qui n’a pas encore acquis les compétences émotionnelles et relationnelles pour dire avec des mots ce dont il a besoin.

Dans un troisième temps, des preuves d’amour peuvent être apportées à l’aîné pour qu’il ne se sente pas délaissé (ce qui compte est ce que l’enfant ressent et pas ce que les parents pensent donner) et des ressources pour développer l‘intelligence émotionnelle peuvent être proposées (livres pour parler des émotions et des relations frères/ soeurs, des outils pour exprimer les émotions et les exprimer…).

 

Les émotions des parents

En tant que parents, l’arrivé d’un bébé peut être un tsunami émotionnel : peur de ne pas savoir aimer le bébé autant que le premier, peur de ne plus aimer le premier… Et parfois, c’est effectivement le cas. Certains parents témoignent avoir éprouvé des émotions contradictoire à l’égard de leur aîné.

La plupart des parents préparent les aînés à l’arrivée d’un bébé avec des phrases du type “Tu n’es pas obligé de l’aimer mais tu n’as pas le droit de lui faire mal”.

Lire aussi : La vérité sur l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite soeur

Pourtant, le problème principal ne se révèle pas toujours être l’agressivité de l’aîné mais l’impossibilité pour les parents de réagir avec bienveillance à cause d’émotions trop fortes et d’un manque de ressources pour faire autrement. Une mère raconte qu’elle ne supportait plus son aînée, qu’elle n’avait plus envie de l’entendre, de la câliner ou même de lui lire une histoire le soir. Elle s’est alors forcée à rétablir le lien d’amour quand elle s’est rendue compte que son aînée était délaissée et en souffrance (expliquant en partie l’agressivité contre le bébé).

Elle l’a prise plus souvent dans ses bras, elle s’est en quelque sorte “reconnectée” à son aînée pour retrouver l’émotion d’amour envers elle. Ce processus peut être long mais il vaut le coup. Le rééquilibrage est difficile et est un travail quotidien mais il est possible de l’accepter (“oui, c’est vrai, j’ai l’impression de moins aimer mon aîné depuis l’arrivée du bébé et je ne supporte plus ses demandes”) tout en s’attelant à construire un nouvel équilibre avec auto-indulgence et soutien de l’entourage (conjoint.e, famille, amis, éventuellement professionnels, communauté réelle ou virtuelle).

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Source : La famille s’agrandit de Catherine Dumonteil-Kremer (éditions Jouvence). Disponible en librairie, en médiathèque ou sur internet.

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